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15 décembre 2015

île de la Réunion Location Studio

Location Réunion

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22 septembre 2010

LE VENT D'AUTOMNE

Ah! ce grand vent, l'entends-tu pas ?

L'entends-tu pas heurter la porte ?

A plein cabas il nous apporte

Les marrons fous, les feuilles mortes.

Ah! ce grand vent, l'entends-tu pas ?

Ah! ce grand vent, l'entends-tu pas ?

L'entends-tu pas à la fenêtre ?

Par la moindre fente il pénètre

Et s'enfle et crache comme un chat.

Ah! ce grand vent, l'entends-tu pas ?

- J'entends les cris des laboureurs,

La terre se fend, se soulève.

Je vois déjà le grain qui meurt,

Je vois déjà le blé qui lève.

Voici le temps des laboureurs.

Pierre Menanteau

22 septembre 2010

CHANSON D'AUTOMNE

Les sanglots longs

Des violons

De l'automne

Blessent mon coeur

D'une langueur

Monotone.

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l'heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure ;

Et je m'en vais

Au vent mauvais

Qui m'emporte

De çà, de là,

Pareil à la

Feuille morte.

Paul Verlaine

22 septembre 2010

Page d'écriture

Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit seize...
Répétez ! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize
Mais voilà l'oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l'enfant le voit
l'enfant l'entend
l'enfant l'appelle :
Sauve-moi
joue avec moi
oiseau !
Alors l'oiseau descend
et joue avec l'enfant
Deux et deux quatre...
Répétez ! dit le maître
et l'enfant joue
l'oiseau joue avec lui...
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu'est-ce qu'ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente-deux
de toute façon
et ils s'en vont.
Et l'enfant a caché l'oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s'en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s'en vont également.
Et l'oiseau-lyre joue
et l'enfant chante
et le professeur crie :
Quand vous aurez fini de faire le pitre !
Mais tous les autres enfants
écoutent la musique
et les murs de la classe
s'écroulent tranquilement.
Et les vitres redeviennent sable
l'encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau.

Prévert Jacques

22 septembre 2010

COMPLAINTE DU PETIT CHEVAL BLANC

Le petit cheval dans le mauvais temps,

qu'il avait donc du courage !

C'était un petit cheval blanc,

                tous derrière et lui devant.

 

Il n'y avait jamais de beau temps

dans ce pauvre paysage.

Il n'y avait jamais de printemps,

ni derrière ni devant.

 

Mais toujours il était content,

menant les gars du village,

à travers la pluie noire des champs,

tous derrière et lui devant.

 

Sa voiture allait poursuivant

sa belle petite queue sauvage.

C'est alors qu'il était content,

eux derrière et lui devant.

 

Mais un jour, dans le mauvais temps,

un jour qu'il était si sage,

il est mort par un éclair blanc,

tous derrière et lui devant.

 

Il est mort sans voir le beau temps,

qu'il avait donc du courage !

Il est mort sans voir le printemps

ni derrière ni devant.

 

Paul Fort

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22 septembre 2010

LES OISILLONS

- Tu l'as cueilli trop tôt dans le rosier sauvage,

Ce nid qu'un imprudent jardinier te montra,

Ma fillette ! et voilà des pleurs sur ton visage,

Parce que la couvée avant ce soir mourra.

 

- Vois-tu sur tes genoux, chaque fois que tu bouges,

Se soulever ces fronts aveugles et rasés,

Et s'ouvrir, en criant, toutes ces gorges rouges,

Où tu ne peux, hélas! mettre que des baisers ?

 

Ils ont froid, ils ont faim ; leur pauvre nid de mousse

Comme un vieux vêtement se déchire et s'en va,

Et ton haleine, encor qu'elle soit chaude et douce,

Ne saurait remplacer l'aile qui les couva.

 

- Ils mourront... Et là-bas, sur sa branche déserte,

Leur mère en gémissant gardera jusqu'au soir,

Frétillante à son bec, quelque chenille verte,

Pour les chers oisillons qu'elle espère revoir...

 

- Va, cours lui rapporter sa frileuse famille ;

Replace bien le nid au milieu du rosier,

Demain, à ton réveil, caché dans la charmille,

Leur père chantera pour te remercier.

 

François Fabié

22 septembre 2010

Le héron

Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,

Le héron au long bec emmanché d'un long cou :

Il côtoyait une rivière.

L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;

Ma commère la carpe y faisait mille tours

Avec le brochet son compère.

Le héron en eût fait aisément son profit :

Tous approchaient du bord ; l'oiseau n'avait qu'à prendre.

Mais il crut mieux faire d'attendre

Qu'il eût un peu plus d'appétit ;

Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.

Après quelques moments, l'appétit vint : l'oiseau

S'approchant du bord, vit sur l'eau

Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.

Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux,

Et montrait un goût dédaigneux

Comme le rat du bon Horace.

"Moi, des tanches ! dit-il ; moi, héron, que je fasse

Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ?"

La tanche rebutée, il trouva du goujon.

"Du goujon ! c'est bien là le dîner d'un héron !

J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux dieux ne plaise !"

Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon

Qu'il ne vit plus aucun poisson.

La faim le prit ; il fut tout heureux et tout aise

De rencontrer un limaçon.

Ne soyons pas si difficiles ;

Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.

Gardez-vous de rien dédaigner,

Surtout quand vous aurez à peu près votre compte...

Jean de La Fontaine

22 septembre 2010

Maurice ROLLINAT, Les Refuges


La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.

Pour raconter son infortune
A la forêt de ses aïeux,
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.

Mais aucune réponse, aucune,
A ses longs appels anxieux !
Et, le cou tendu vers les cieux,
Folle d'amour et de rancune,
La biche brame au clair de lune.

8 mai 2009

Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,

Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,

 

Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,

 

Ses petits affamés courent sur le rivage

 

En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.

 

Déjà, croyant saisir et partager leur proie,

 

Ils courent à leur père avec des cris de joie

 

En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.

 

Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,

 

De son aile pendante abritant sa couvée,

 

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

 

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;

 

En vain il a des mers fouillées la profondeur ;

 

L’océan était vide et la plage déserte ;

 

Pour toute nourriture il apporte son cœur.

 

Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,

 

Partageant à ses fils ses entrailles de père,

 

Dans son amour sublime il berce sa douleur ;

 

Et, regardant couler sa sanglante mamelle,

 

Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle,

 

Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.

 

Alfred de Musset (1810 – 1857)

8 mai 2009

L'Albatros (Charles Beaudelaire)

L’Albatros

 

 Charles Baudelaire (1821 - 1867)

 

 

 

 

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

 

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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