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27 mai 2006

Alexandre suite 1

Bientôt la fin juin, je dois partir en vacances chez grand-mère, au mois d’août, j’étais pressé mais maintenant, il y a Joachim, et ça m’embête de partir sans lui !

J’ai demandé à mamie s’il pourrait venir avec moi, elle serait d’accord, elle a fait les démarches, mais il y a peu d’espoir !

Ma grand-mère accueillera à mon intention, tous ces petits enfants, un mois durant.

Je trouve ça super !

En attendant, les jours sans collège, on est obligé de se présenter, Joachim et moi, deux fois le matin et deux fois l’après-midi chez le surveillant pour bien faire voir qu’on est là.

On signe notre feuille de présence !

Ce soir comme tous les soirs, on se retrouvera avec Joachim, et je lui ferai une surprise, je lui parlerai, mais juste à lui !

Je m’entraîne, depuis quelque temps à parler tout seul, pour le jour où !

Et ça marche. Au début, ça a été difficile, presque six mois sans parler, mais là, j’avais une telle envie de communiquer !

Comme prévu, il a été drôlement surpris !

J’étais content de mon coup !

On a parlé jusque tard.

Dans la nuit, j’ai fait un rêve, un rêve très agréable, j’étais avec Mélanie ! Et le reste, c’est secret.

En tout cas, je me suis réveillé en sursaut, avec une sensation bizarre, j’avais mon zizi tout dur, en plus j’avais pas vraiment mal, mais une sensation vraiment très bizarre, et mon pyjama était gluant au niveau de la verge !

C’est sûrement ça du sperme ?

Je suis un adulte maintenant !

J’ai mon pyjama taché, et puis, l’humidité me gêne, je fonce aux lavabos pour me nettoyer.

En passant, je réveille Joachim pour lui montrer !

Je viens d’apprendre que mes parents ont été condamné avec sursis ?

En plus, ils ont fait une demande pour me reprendre ?

Le juge pour enfants, leur a accordé le droit de me recevoir le dimanche, avec le suivi d’une assistante sociale !

Moi, je dis, pas question !

Plutôt crever !

J’ai commencé les cours de langage des signes, mais j’ai déjà eu une punition, et je suis exclu, tout ça parce que je leurs ai fait le seul geste que je connais et qui veut dire ce que j’en pense, le doigt en l’air ?

Donc dimanche prochain, une sortie était prévue, moi je suis consigné, m’en fous, je préfère pas sortir avec cette bande de naze !

En plus c’est une sortie piscine !

Passionnant, moi qu’ai peur de l’eau ?

C’est comme un rêve merveilleux, tout à l’heure, avant de se quitter, Joachim et moi, on s’est embrassé, comme avec Mélanie à Noël !

Du coup j’arrive pas à m’endormir ?

Le pire, c’est que j’aimerais bien le raconter à quelqu’un !

Il fait une chaleur épouvantable, la campagne sent les blés fauchés, il y a aussi comme une odeur d’orage ?

Je me dépense sans compter, avec mes cousins et mes cousines, on court les champs et les bois toute la journée, on a même le droit d’emporter de temps en temps le repas du midi, pour pas avoir à rentrer.

En plus, quand on est pas là, ça fait du repos à grand-mère !

Bien sûr, Joachim, n’a pas été autorisé à venir ?

Mais on s’est promis de s’écrire ?

Ça fait déjà huit jours que je suis là, et j’ai pas pris le temps de tenir ma promesse, c’est bête, d’autant que j’ai déjà reçu trois lettres de lui !

Ce soir sans faute, au lieu de faire le con, avec les autres dans la chambre, je lui répondrai !

Hier je suis allé voir mon frère, il n’y a plus de fleurs, l’herbe a poussé partout, en plus comme il n’y a pas de pierre tombale, ça fait vraiment triste, je lui ai mis un bouquet de fleurs sauvages qu’on a cueilli avec Mélanie, d’ailleurs, elle était avec moi, elle me quitte plus !

Il parait que je lui ai beaucoup manqué !

Moi aussi, elle m’a beaucoup manqué, je m’en suis rendu compte depuis que je l’ai retrouvé !

On a recommencé à explorer nos corps, et franchement on s’amuse bien.

À oui ! Écrire à Joachim !

Qu’est-ce que je vais lui écrire, que je ne pense qu’à lui, ce serait mentir, mais quoi !

Ce soir, on mange tous dehors avec mamie, j’aime bien !

Manger à l’air libre et en plus de nuit avec des chandeliers, le seul truc c’est qu’à chaque fois on se fait bouffer par les moustiques !

Mais j’aime bien quand même !

Et puis là, y a pas de « tiens toi bien », « on parle pas à table », « finis ton assiette ».

Là, on a le droit de faire comme on veut !

Du moment qu’on reste poli, ma grand-mère a horreur des gros mots !

Alors, juste à attendre qu’elle soit un peu loin !

Parce que les gros mots, quand elle est pas là, on se gêne pas !

                        

Mon cher Joachim.

                        Je t’écris enfin, tes courriers m ont fait tellement plaisir,

que j’ai honte d’avoir tant tardé, mais ici il y a tant de travaux à faire que le soir, je suis trop fatigué pour faire autre chose, c’est sûr je m’ennuie de toi, je t’aime tellement !

mais nous allons bientôt nous revoir, « j’ai hâte »

je pense à toi sans arrêt, je nous revois dans le même lit, à nous raconter des histoires, à nous toucher la peau, je me rappelle l’odeur de ton corps, la douceur de tes cheveux, la pâleur bleue de tes yeux.

Bref, je t’aime comme je ne pourrai jamais plus aimer !

                        À mon cœur qui bat si loin de moi ?

                                                                       Alexandre.  

Je prie pour nous !

Je vois pouvoir dormir plus tranquille !

Il a fallu attendre tard pour que j’écrive. Personne, ne voulait se coucher.

Du coup, je me réveille trop tard, trop tard parce que j’ai pas l’habitude, et que j’aime pas ça, la journée passe trop vite après !

Et moi le temps m’est quand même précieux !

Je m’habille dés le lever, ici je peux échapper aux lavages trop fréquents.

En passant devant la petite table de la chambre, je ne vois pas ma lettre que j’avais laissée ?

Panique !

Toute façon, j’ai pas le choix, faut que je descende pour le petit déjeuner !

Pas le choix !

Arrivé devant la table du petit déjeuner, silence, tout le monde est là, et tous me regardent, ma lettre est à côté de mon bol.

Je fais semblant de rien, je plie la lettre, je la mets dans ma poche, et je commence à boire le chocolat que je viens de me servir.

Je dois être blanc, j’ai honte, là je dois dire que j’ai honte !

Mais j’y peux rien si j’aime un garçon, d’autant que j’aime une fille aussi, je suis pas normal, mes parents avaient raison.

Ma mamie à un regard dur, très dur, et ça, ça fait mal !

Après le petit déjeuner, je vais voir ma grand-mère, et je lui demande un timbre, elle me regarde étrangement, puis elle va chercher son porte-monnaie, fouille dedans et me tend le timbre réclamé.

Mélanie me fait la gueule, elle comprend pas que je puisse aimer deux personnes à la fois !

Décidément les filles c’est toutes des connes !

Les moins cons c’est mes cousins, ils me regardent avec inquiétude, et je crois avec admiration, puisqu’ils me posent un tas de questions !

Comment, pourquoi ?

Alors je leur explique, qu’il n’y a rien à expliquer.

Ils me demandent de le décrire, et là forcément je suis de parti pris !

Que du bien, j’ai à dire, que du bien !

Je suis plus amoureux que je ne croyais, je ne sais par où commencer, pour faire l’éloge de Joachim ?

Maintenant j’ai vraiment hâte de retrouver le foyer, et mon copain !

Finalement, je crois bien que c’est lui que j’aime le plus, avec lui tout est plus simple ?

Souvent la nuit, je rêve de lui, et à chaque fois, le sperme gicle de mon zizi ?

Avec tout le bien être que cela me procure !

Ah oui !, je commence à avoir des poils !

Au bout de deux trois jours, plus personne ne me parle de rien, même avec Mélanie on a reprit nos jeux !

Ça valait pas le coup d’en faire tout un plat !

Bientôt, fin août, et la rentrée au foyer, et dés septembre, le dimanche en famille ???

Je vois Baptiste de temps en temps, mais juste en rêve !

Et quand il me propose un voyage dans le temps systématiquement je me réveille ?

Donc, je ne voyage plus !

Mais à côté de ça, je vis des choses extraordinaires.

Ma valise à la main, je descends du car !

L’arrêt est situé à cinquante mètres du foyer !

Mais ces cinquante mètre là, faut les faire, ils sont durs !

J’hésite à passer la grille !

J’hésite !

Heureusement, Joachim est de l’autre côté, il me sourit, il m’attend !

Ça me fait un énorme choc dans la poitrine !

Lui, il a pas eu autant de chance que moi, il n’est pas parti du tout !

J’ai pas le droit de me plaindre ?

On monte au dortoir déposer mes affaires.

Je lui ai ramené, une petite basilique de Lisieux, en plâtre, enfin je crois, il est vachement content !

Comme il y a personne, on en profite pour s’embrasser !

Quand on se sépare, je vois qu’il pleure, je fais semblant de rien.

On l’a visité la basilique, un jour, avec Mélanie et ses parents.

Dedans c’est immense, plein de dorure, c’est pas racontable, en plus plein de gens qui se baladent, qui prient, qui photographient, d’autres se promènent en bavardant avec des gens habillés en curé, bref y a du monde partout ! Moi là dedans j’avais l’impression que c’était même pas la peine de prier.

Je préfère la petite église du village ; de mon village !

Huit heures réfectoire, premier soir tout le monde n’est pas encore rentré de vacances, donc il y a de la place, et suffisamment à manger, pour moi je veux dire, bien sûr on est côte à côte avec mon copain, il me demande de lui raconter comment c’était là-bas, si je me suis ennuyé de lui, etc ?

Mais moi, ça me gêne de lui dire, lui qui est resté prisonnier tout l’été !

En plus il faudrait que je lui mente, sur un certain sujet !

Et ça je veux pas !

Repas du premier soir, poisson surgelé pané, épinards, super, va falloir s’y refaire ?

Dessert un fruit.

D’un seul coup il me dit.

-         Tu aurais pu m’écrire quand même !

-         Mais je t’ai écris !

-         Eh ben moi j’ai rien reçu !

Je suis surpris, mais des fois ça arrive que le courrier mette longtemps, ou se perde !

Ensuite dehors, dans la cour on tourne en rond, on parle, on parle pas, je le regarde à la dérobée, il a un profil superbe que je peux même pas décrire, il a un visage tellement pur, une peau lisse, pâle, rose mais très pâle ?

J’ai envie d’y poser la main !

Je peux pas résister, j’y pose le dos de la main, et je la laisse glisser, lentement vers le bas de sa figure, il me regarde surpris, avec une étincelle dans les yeux.

Je le sais heureux, son air boudeur, qu’il avait depuis mon retour, fais place à un regard lumineux.

La sonnerie, c’est l’heure de se mettre en rang, pour monter au dortoir !

On rejoint donc les autres, le surveillant attend que tout le monde soit là, et calme.

Les marches défilent sous mes pas, je les connais par cœur.

Une fois dans la chambrée, je me dirige vers mon lit, je commence à me déshabiller, histoire de m’allonger, et de lire un peu avant l’extinction des feux.

Le gardien, fait son petit tour, il s’arrête devant mon lit, il me fait signe de me lever, et de venir vers lui !

- Monsieur Alexandre, prenez vos affaires, vous changez de dortoir !

Je jette un coup d’œil désespéré autour de moi, Joachim n’est pas revenu des douches, je peux même pas lui expliquer.

-         Voilà pour ce soir vous dormez à l’infirmerie ! Pas de question !

Je secoue la tête, je veux pas d’explication, j’ai trop bien compris !

On m’isole, à la demande de qui ? Grand-mère ?

C’est bien, j’ai toute une pièce pour moi tout seul !

Par contre, je suis renfermé à clef.

Je m’allonge sur un lit et j’attends, j’attends quoi, je ne sais pas.

Je suppose que demain, je vais être convoqué chez le directeur !

Décidément, je commence à connaître son bureau à celui là !

Je prépare une lettre pour Joachim, je sais pas comment je peux lui faire parvenir, mais je trouverai, parce que j’ai bien l’impression qu’on ne se reverra pas de sitôt !

Je repense à la lettre que je lui ai écrite, et qui n’est jamais arrivée, à touq les coups, elle a été interceptée ?

Dans mon billet, je peux tout lui dire, aucune raison pour me retenir, je peux laisser couler tout ce que je pense de lui, tout ce que j’aime en lui. J’en profite pour lui redonner mon adresse, chez ma mamie.

Je finis par m’endormir, avec plein de révoltes dans la tête !

Je rêve de lui !

Le jour, à travers les fenêtres me réveille, bizarre, il doit être au moins neuf heures, il est neuf heures, c’est pas le soleil qui m’a réveillé, mais l’infirmière qui vient prendre son service.

Elle me demande ce que je fais là ?

Je lui réponds que je ne sais pas, et que j’attends qu’on vienne me chercher.

Elle a pas l’air au courant, ils ne veulent peut-être pas que ça s’ébruite ?

1er septembre 1971, je m’en souviendrai !

Bonjour la discussion chez le directeur ! enfin quand je dis discussion, j’exagère, en fait, moi faut que je me taise, la preuve quand j’ai voulu intervenir, il m’a dit : «  Vous taisez-vous ! », ça prouve qu’il y a échange d’idées !

Résultat, il me renvoie quelques temps chez ma grand-mère, en attendant une décision du juge pour enfants.

Moi, je demande juste si je peux dire au revoir à Joachim, je sens que j’ai bien fait de poser la question, j’ai comme l’impression qu’il va s’étouffer !

Bref, pas content, il m’envoie attendre dans le couloir.

Finalement, c’est une chance, j’ai toujours mon mot dans la poche, je le sors, prêt à profiter de la moindre occasion, j’en profite pour rajouter sur l’enveloppe, « je suis viré » !

Un pensionnaire passe, je le connais, je l’arrête d’un geste, je lui donne l’enveloppe.

-         je t’en supplies, donne ça discrètement à Joachim !

-         il me regarde/ « Pourquoi t’a été viré du dortoir, hier au soir ?

-         « Ecoute, j’ai pas le temps, promets, c’est important, Joachim t’expliquera, mais promets, j’en ai même les larmes qui coulent !

Il tend la main, jure, et crache !

Me voilà rassuré, je suis sûr qu’il fera la commission !

Je lui cries encore avant qu’il disparaisse, - Et surtout discrètement !

Il fait oui de la tête, et un petit signe de la main.

Il était temps, il y a un mec qui arrive, et celui là, c’est pas un rigolo, c’est le sous directeur, qui voudrait bien être directeur.

Mais voilà, il n’y a qu’une place, et l’autre il ne la lâche pas !

Il entre dans le bureau du directeur, en me toisant avec mépris.

Je me demande ce qui va arriver à Joachim, parce que c’est sûr, ils vont pas le rater !

Moi, d’un côté pour le moment, j’ai pas à me plaindre, je m’en sors plutôt bien, mais faut voir la suite !

Je crois qu’ils ont été pris de court !

Donc, s’ ils ont été pris de court, c’est pas ma lettre qui m’a trahie, il s’est passé autre chose, mais quoi ?

J’sais pas, s’ il va me faire poireauter comme ça longtemps dans ce putain de couloir, je me lève du banc en bois, je jette un coup d’œil dans la cour, il y a du monde, de là, on voit même le stade, là aussi y a plein de gosses qui se baladent ou qui s’entraînent.

J’aperçois Vincent, Vincent c’est celui à qui j’ai donné la lettre, ce con il la tient dans la main, et il cherche visiblement quelqu’un.

Je surveille, peut-être une dernière fois, je pourrai apercevoir Joachim. Effectivement, Vincent se dirige, décidé, vers un coin de la cour.

Il tend ma lettre, et j’ai ma dernière vision de l’ange, celui qui m’a permis d’être heureux, tellement heureux !

J’entends la porte derrière moi qui s’ouvre, je me rassois précipitamment !

Pas la peine d’en remettre une couche !

Le directeur me fait signe de le suivre.

Et je le suis !

Il me remet à un surveillant, celui-ci me demande de monter dans la voiture, garée devant la sortie.

Mamie est très contente de m’avoir récupéré.

On est tous les deux en train de faire mon lit, on rigole.Si, seulement les autres pouvaient m’oublier.

Après, on prépare le repas, tous les deux, je suis sûr que depuis mon retour tout à l’heure, on ne sait pas dit vingt mots, mais on se comprend si bien ! Un coup d’œil, un regard ?

J’attends le moment où elle va me parler de Joachim !

À table, chez grand-mère, quand il n’y a pas fête, on ne doit pas parler, quand on est pas grand, alors je dis rien, je mange, je mange cette nourriture campagnarde, qui emplit ma bouche des saveurs inoubliables !

J’aime manger ces plats là, des soupes de légumes en gros morceaux, avec un bout de lard qui donne un goût de plaisir, le pot au feu, le vrai, avec une moutarde douce, les pintades à la crème, les tartes Tatin chaudes, sorties du four, arrosées de crème fraîche, le camembert, le pont-l’évêque, le chèvre frais, affiné, tout ça je le trouve chez mamie !

Comme je dis toujours, « ça a un goût de vérité, et de plaisir ! ».

La vie coule, tranquille, enfin !

J’attends avec angoisse le courrier, j’ai peur qu’on me reprenne ?

Pourtant le courrier a du bon, de trop rares fois, je reçois des nouvelles de Joachim !

Mais moi, je n’ose pas lui écrire, j’ai peur que quelqu’un ouvre mes lettres !

Lui, quand il m’écrit, il le fait poster par un qu’a le droit de sortir !

De la fenêtre de ma chambre à l’étage, je surveille la boite aux lettres, tout en relisant la dernière que j’ai reçue !

                                   Mon cher Alex.

Depuis ton départ, je m’ennuie, d’autant que,  bien sûr, l’affaire a fini par faire grand bruit ici.

Tout a fini par se savoir, et moi j’en fais les frais, je me fais traiter de P.D. à longueur de journée, et en même temps, j’ai aussi des propositions !

Bien sû,r je refuse, parce que j’aime que toi !

Bientôt, je vais partir du foyer, on m’a encore trouvé une famille d’accueil, mais, là, j’y resterai sûrement, même si c’est pas bien, parce que au moins peut-être on pourra se revoir, Bien sûr je t’enverrai l’adresse dés que je l’aurai.

J’ai encore plein de choses à te dire, mais faut que je fasse gaffe, je suis entouré de cons !

J’ai hâte de t’avoir dans mes bras comme autrefois, sentir la chaleur de ton corps, et le goût de ta langue, je t’aime, à bientôt, je sais aussi que tu ne peux pas m’écrire ça me manque mais c’est plus prudent.

                                                                       Joachim pour la vie.

Celle-là j’arrête pas de la lire.

Je l’avais même posée sur la table de la cuisine pendant que mamie épluchait des légumes pour la soupe du soir !

Je n’ai rien dit, simplement je lui ai bien fait voir que je la mettais là pour qu’elle la lise, et elle la lue !

Après, on en a parlé tous les deux à tête reposée, je sais qu’elle aime pas bien ça, d’ailleurs, on a été chez le docteur, bien sûr dans un autre village, et elle lui a expliqué pour qu’il me soigne, mais apparemment, il y a pas de médicament pour cette maladie là, enfin je crois parce que j’ai pas eu d’ordonnance ?

Mais quand même, il m’a fait sortir pour délibérer avec ma grand-mère !

Ce qui fait, que je sais pas du tout, ce qu’ils se sont dit ?

Mais maintenant, quand je reçois une rare lettre, elle me demande comment il va, si tout se passe bien, si je suis content, bref elle voudrait bien savoir ce qu’il m’écrit, alors moi je lui tends la lettre, parce que maintenant j’ai qu’elle comme amie ?

Pour mes parents, le juge pour enfants a pas insisté, donc j’ai le droit de refuser de les voir, mais j’ai toujours peur qu’ils débarquent, de temps en temps. Je vais vers chez eux en me cachant dans les buissons, juste histoire de revoir la maison, et aussi les animaux.

L’autre jour avec un couteau, je me suis approché de la voiture, et j’ai réussi à percer un pneu, j’étais drôlement heureux ?

C’était comme dans un feuilleton de la télé, genre commando, pour sauver quelqu’un.

Bientôt je vais retourner au collège, le même que quand j’étais chez mes parents.

Ça me fait pas rire, mais toute façon, faut que j’aille au collège, alors !

Je vais retrouver mes anciens ennemis, ça va être chouette, par contre je suis content pour l’infirmière que j’aime bien !

En plus, j’ai pas à me plaindre, déjà j’ai eu une grande rallonge de grandes vacances, puisque on est bientôt le 15 septembre.

En plus, je rentre en cinquième, ça a été limite, en fait, je crois qu’ils ne savaient pas trop quoi faire de moi, et moi, j’ai qu’une hâte, c’est de travailler, travailler dans la vie active, quoi !

Déjà là, chez mamie, je l’aide, j’ai repris les habitudes de quand j’étais chez mes parents, c’est moi qui m’occupe des animaux, je m’occupe du cochon, j’aime bien, parce que maintenant il m’attend, il sait que je viens pour lui donner à manger, pendant qu’il dévore ce qu’il y a dans son auge, moi je le caresse, je pense au jour où il faudra le tuer pour le manger ?

Ça me fait pas peur, même, je peux le faire si on m’aide pour le tenir, c’est comme çà la nature, si on veut manger et vivre, il faut bien tuer des animaux pour se nourrir, et puis chez grand-mère il est pas à plaindre !

La traite aussi j’ai recommencé, mais deux vaches, c’est quand même très vite fais !

Le dimanche, je tue un lapin, ou une poule, le lapin à tuer j’aime pas bien, surtout après quand faut le déshabiller, ça me dégoûte un peu.

Mais dans l’assiette, c’est drôlement bon, ma mamie, elle le fait à la moutarde, j’aime !

Je m’occupe aussi du potager, mais là mamie vient avec moi, d’abord parce qu’il y a trop de boulot pour moi tout seul, et puis le potager, c’est son grand plaisir !

Et en plus, elle est fière parce que elle s’en occupe comme autrefois, sans aucun produit chimique.

Et ça pousse quand même, aujourd’hui par exemple, on étend dans les coins sensibles de la cendre de la cheminée, pour empêcher les escargots et les limaces de venir manger nos légumes !

Donc, toute la journée, je suis très occupé, mais des moments je m’échappe après avoir prévenu grand-mère, je vais courir dans la campagne, dans les bois, surtout dans celui qui a accueilli ma première nuit de fugue !

Ça fait drôle de me retrouver là, il fait encore beau pour septembre, alors que la dernière fois que je l’avais vu c’était sous la neige, et dans le froid de l’hiver !

Quand je repense à tout ça, je me dis qu’il faut être un peu fou, pour entreprendre pareille fugue, la prochaine fois, je le ferai par beau temps ?

Aujourd’hui, on s’est préparé de bonne heure, on va au marché du village vendre deux lapins, trois canards, une poule qui a eu tord de ne plus vouloir pondre, trois douzaines d’œufs, quelques légumes.

On a chargé tout ça dans la 2 CV camionnette, qui date au moins, de plusieurs siècles.

La dernière fois qu’on est tombé sur les gendarmes, ils ont demandé à mémé si elle pouvait pas faire l’effort de faire des travaux sur la voiture, elle les a envoyés promener.

Faut dire qu’il y en a un qu’elle a connu tout petit, il venait voler des œufs dans le poulailler tellement c’était une famille de pauvres, alors comme elle lui a dit : « , Toi t’as pas intérêt de la ramener !

Papy, lui, souvent il le laissait faire, tant qu’il n’abusait pas, mais quand même, il essayait de le prendre sur le faîte, rien que pour lui faire voir qu’il n’était pas dupe !

Puis un jour, quand il a appris qu’il allait devenir gendarme, ça l’a bien fait rire !

Mais comme il disait, dans ce groupe d’élite, il y a bien pire !

Grand-père, il était Royaliste, alors tout ce qui représentait la république, ça le mettait dans des colères épouvantables !

D’ailleurs, c’est comme ça qu’il est mort, en regardant les infos à la télé !

C’était pendant de Gaule qui parlait !

Ça, il aimait pas de Gaule.

Lui, ce qu’il voulait c’est un genre de restauration, avec le conte de Paris !

Combien d’heures il m’a tenu sur ses genoux en m’expliquant que le retour d’un Roi, pourrait nous apporter la stabilité politique, il m’a envahi la tête du bien fait de la Royauté à travers les âges, la construction de la France, grâce à Louis XI, la splendeur à travers le monde grâce à Louis XIV, sans oublier Saint Louis et son chêne !

Bref ! Pour en revenir à maintenant, on va au marché !

J’aime bien, on installe les tréteaux, après, on met les planches dessus, puis la marchandise !

Et on attend !

On discute avec les gens, surtout le prix, des fois ça vaut même pas le coup de vendre, ça c’est mamie qui le dit ?

Y a un client qui passe, il s’arrête à grand-mère, et lui dit dans le creux de l’oreille, « Quand qu’on pourra avoir un bout de cochon ». J’entends pas ce que répond mémé, mais je suppose que le cochon vit ses derniers moments !

Une assistante sociale, passe me questionner toutes les semaines, elle me pose plein de questions, auxquelles je réponds le plus de conneries possible, elle se rend même pas compte que je me fous de sa gueule !

En plus, aujourd’hui, elle m’annonce que j’ai une famille d’accueil prête à faire l’effort, de m’aider, sympa, parce que moi j’ai besoin de rien d’autre que ma grand-mère, et des visites dominicales des tantes, oncles, cousins, cousines !

De quoi qu’elle se mêle, franchement ?

Sûrement, je suis trop heureux et ça la gêne !

J’attends pas la fin de la conversation, je lui envoies un beau molard dans la gueule, et je me casse en, courant.

Comme toujours, quand tout va mal, je me réfugie dans la grange !

Et là, je peux pleurer autant que je veux !

Je sais que, quoi que je fasse, je serais obligé d’obéir !

Quand le plus gros de la tristesse est passé, je fonce vers la ferme de mes parents, et là dans ma cachette habituelle, je surveille, je sais qu’à l’intérieur, il y a le fusil de chasse dans un placard, sur l’étagère du dessus, les cartouches !

Je rentre, tranquillement, je suis calmé, enfin, un peu calmé !

La voiture de pauvre de l’assistante et plus là, heureusement !

Mamie est pas dans son assiette, mais je sais qu’elle ne dira rien, qu’elle ne se plaindra pas !

Elle préparera ma valise, sans faire voir sa tristesse !

À moins qu’elle soit pas triste du tout ?

Elle m’explique que je serai pas trop loin, puis que j’aurai le droit de la voir de temps en temps !

Je dois partir dans quatre jours, quatre jours à attendre, avec de l’angoisse dans la gorge ?

Dimanche, la famille vient comme souvent ce jour là !

Et lundi, parti, encore une nouvelle vie ! Ailleurs ! Pourquoi ?

Avec mamie, on n’en parle pas, pas du tout !

Mais je sens que pour nous deux, y a quand même l’angoisse !

Donc, dimanche, tous ensemble, comme un adieu.

Encore vendredi, et samedi tout entier à passer, presque seul !

Je compte pas la fin du jeudi !

Chez les gens chez qui je vais, y a qu’une fille, évidemment, maintenant, ils me mettront pas dans une famille avec garçon.

Joachim, est-ce que tu penses encore à moi ?

Je me promène, dans la campagne, je recherche à voir tous les coins que j’ai aimés, beaucoup, comme si je ne reviendrais jamais !

J’ai passé deux jours, deux jours à parcourir la campagne !

J’ai quand même aidé mémé, pour certains travaux !

Le dernier jour, dimanche, la famille est arrivée tard, je comprends pas qu’on arrive si tard chez les gens, en fait j’avais quand même une certaine hâte pour revoir Mélanie ?

Et là, il y avait donc Mélanie, son frère, François, et puis Fred, et Damien, sa sœur Isabelle, une autre sœur, Émilie, et son pissou de frère Romain, plus évidemment leurs parents à tous, plus les pas mariés, ou sans enfant !

À midi, ça a été une grande fête, mais moi j’avais pas envie de rigoler !

J’avais plutôt envie de pleurer !

Mais un homme ça pleure pas ?

En plus, je me suis fais engueuler, tout ça parce que, Fred est venu me demander, comment c’était avec un garçon, alors, forcément je lui ai mis un pain ?

Et c’est encore moi qui trinque !

C’est qui faut pas y toucher à leur petit Fred ?

Pauvre chéri !

Faut dire qu’il a saigné un moment !

La lèvre ouverte, qu’il avait !

Même bien ouverte !

Plus une dent qui branlée salement !

En tout cas, ça a foutu un beau bordel pour mon dernier jour ?

Le seul truc bien finalement, c’est que avec Mélanie, on sait dit au revoir comme j’aime !

Bien ?

L’après midi, tranquille, petit à petit, tout le monde est parti, alors on a fini la soirée, seul grand-mère et moi !

On n’osait pas parler, comme si de parler ça aller accélérer le temps !

On a mangé juste une soupe, après on a regardé le film du dimanche soir, sur la 1, un film con, enfin je crois, parce que quand même, j’avais la tête ailleurs !

Quand je pense que, pour la première fois au collège, on me regarde autrement, presque avec compassion, même les profs !

Et maintenant, faut encore que je change de bahut ?

Que je me refasse des amis ? Enfin des amis c’est peut-être beaucoup.

Disons plutôt, qu’on me foute la paix !

Qu’on se moque pas encore de moi !

D’après que j’irai que mardi, et en plus c’est la fille de la famille qui me fera faire connaissance avec mes futurs camarades de classe !

Ah oui, faut dire qu’on sera dans la même classe, elle a douze ans, alors forcément ! Elle est en cinquième comme moi !

J’espère qu’elle est belle ?

Émeline, elle s’appelle, déjà faut le porter un prénom pareil ?

Mais si elle est belle, pourquoi pas !

J’ai demandé à grand-mère de faire suivre mon courrier, elle m’a dit oui, alors je suis rassuré, parce que j’ai confiance je sais qu’elle le fera !

Pour la première fois, elle m’a demandé de lui parler de Joachim.

Et rien que d’en parler, ça m’a rendu heureux.

En plus elle m’a demandé pardon de m’avoir mal juger à cause de lui et moi ? Elle m’a même dit qu’elle me comprenait !

Alors maintenant, je me sens beaucoup plus léger, et en plus, de pouvoir en parler à quelqu’un, c’est chouette !

Je lui ai décrit comme il est beau, je lui ai même fait voir les photos que l’on a fait dans un photomaton, le jour où on a fait le mur ensemble.

J’en ai une où il est tout seul, et une autre où on est tous les deux !

                        J’arrive devant une maison de plein pied, tout autour des maisons presque pareilles, ça s’appelle une cité, c’est tout neuf !

Et c’est très moche !

Je descends de la voiture, une D.S 21 Pallas, toute neuve et verte, l’intérieur est en cuir, ça sent, il y a même un auto radio, qui fait mange disque, c’est une très belle, voiture, sûrement juste pour en mettre plein la vue aux voisins, et à la famille !

N’empêche la maison ne me plaît pas du tout, trop neuf !

Mais grande, devant pas de clôture, à l’américaine, juste une pelouse, et deux allées, une petite pour la maison, et une plus large pour la voiture, avec un garage au bout, mais beaucoup plus loin que la maison, au bout du bout quoi ?

Sur la boite aux lettres, il y a « Mr et Mme Berthod », voilà, encore un endroit où je me sens chez moi ?

Lui c’est Yves, elle Martine, bof, c’est pas plus mal qu’autre chose, très gentils ils ont été jusque là !

J’ai pas encore vu la fille, Émeline, elle est en cours, mais elle rentre manger à midi, parce que Mme Berthod m’a expliqué que la nourriture c’est très sérieux, et qu’il vaut mieux manger à la maison, parce que elle, elle sait choisir des produits sains ! Par exemple jamais de viande rouge, voyez ça commence bien, moi qui adore la viande !

Donc moi aussi, faudra que je rentre manger !

Ils me font visiter la propriété, on commence par le jardin derrière la maison, alors là je dis bravo, c’est très grand, et presque que de la pelouse.

Très beau, en plus Mr Berthod me fait remarquer qu’il a fait installer un panier de basket, pour moi, pour que je me sente chez moi, ben voyons ?

C’est quand même vrai, que le jardin arrière me plait beaucoup ! Au fond à l’opposé du garage, il y a un bâtiment pas fermé, il appelle ça un préau, et dessous, il y a une table de ping-pong, et au moins deux salons de jardin empilés, et couverts par des plastiques transparents, c’est pour les protéger de l’hiver !

Ensuite, enfin, on rentre dans la maison !

Alors déjà pour rentrer, il faut enlever les chaussures, et mettre des chaussons, et justement il y en a une paire pour moi, de chaussons !

Ils vont quand même pas m’acheter avec un panier de basket et des chaussons ?

L’intérieur de la maison, c’est bien, j’aime bien le décor, c’est du rustique tout neuf !

Pas comme chez mamie, où c’est du rustique très vieux ?

Ici tout est très propre, même avec les chaussons j’ose pas marcher sur du propre aussi propre !

Tout les deux ils me parlent comme à un bébé, j’aime pas trop !

Ils m’ont fait visiter, dans l’ordre, la cuisine, la salle à manger, le salon interdit sauf les jours de fêtes, puis les chambres, et ma chambre !

Dedans il y a un lit en hauteur, avec dessous un bureau, et des placards de rangement, Martine, parce que, elle veut que je l’appelle Martine, me dit qu’elle ne supporte pas le désordre, et que si ça reste pas rangé, punition.

Sur le lit, un couvre pieds avec des voitures de dessinés, et dessus une peluche, à mon âge une peluche ? Enfin bon si ça peut leur faire plaisir !

Des jeux aussi, la pièce est grande, mais pas aussi grande que chez mamie !

Dans un coin, il y a un tourne disque sur un bureau, un beau bureau.

La moquette est bleue, et les murs blancs, j’ai le droit d’y mettre ce que je veux, à condition de pas abîmer !

J’ai oublié de dire que les chambres sont au nombre de cinq, parce qu’ils reçoivent, toutes elles sont à l’étage !

Dans l’escalier, il y a un tapis qui fait tout le milieu, avec des barres en cuivre à chaque marche pour le tenir en place !

Moi depuis qu’on est parti de chez mémé, je n’ai pas encore ouvert la bouche, je sais, que j’ai la chance de tomber dans une famille qu’à les moyens, et qui ont pas l’air méchant.

Mais quand même c’est pas ma famille !

On me soigne, on m’explique que je serais comme le fils de la famille, que j’ai qu’à demander.

Martine, me demande de mettre le couvert, elle me fait voir où ce trouve les affaires, le midi comme il faut aller vite, on mange dans la cuisine, mais le soir, c’est un repas très important, interdit de le manquer pour quelques raisons que ce soit, donc repas en famille, dans la salle à manger, si il y a des invités, alors là, le repas finit dans le salon, avec café et liqueurs !

Donc je mets le couvert !

Pour quatre !

Midi et demi, ma nouvelle sœur rentre, presque elle me marche sur les pieds, mais elle ne m’a pas vu !

Sympa ?

Yves, nous présente, mais dire qu’elle est enchantée, comme elle me dit, ça m’étonnerait !

Elle me regarde droit dans les yeux, et là je sens tout l’amour dont elle doit être capable !

Bref, le repas est très silencieux, Yves me propose un peu de vin, et je dois dire que celui là, j’en n’avais jamais bu, putain qu’il est bon !

Ah un moment, Yves se lève, et nous dit qu’il n’a plus le temps, vu qu’il a déjà pas travaillé ce matin, en plus pour rattraper il rentrera un peu plus tard ce soir !

Je crois que je l’aime bien, rien à voir avec mon père !

Et la fille d’ajouter, ben maintenant, je rentrerai peut-être pas tous les jours de bonne heure !

Alors là, ça a bloqué un peu leur conversation, son père a marqué un temps d’arrêt, et il lui a dit, « on en reparlera ce soir ! ».

Je sens, que mon arrivée, et bien vécue par tout le monde ?

Je me retire dans ma chambre.

Je m’allonge, juste pour réfléchir !

Émeline, est très belle ! Fraîche, elle sent la vanille.

Je sens qu’on me secoue, c’est Martine, je me suis endormi ! Elle aussi elle a l’air gentille, elle veut parler avec moi !

Une chance, quoi !

On descend dans la salle à manger, il est déjà cinq heures j’ai dormi longtemps !

Sur la table un goûter est servi, chocolat chaud dans deux bols, dont un à mon prénom, décoré, beau quoi !de la brioche, confitures, et pain beurre !

Si c’est comme ça tous les jours, je vais peut-être faire un effort ?

Bref, tout ce qu’elle a à me dire, c’est qu’elle a été prévenu de ma situation, de toute ma situation, ce qui veut dire en terme clair qu’elle est au courant pour Joachim, mais qu’elle ose pas prononcer ce genre de chose !

Moi je réponds pas, trop habitué à être humilié, mais pour une fois pas en public, si j’avais pas décidé de pas parler, je lui demanderais bien si Yves est au courant, mais je suppose que oui ! Vu qu’ils ont fait toutes les démarches ensemble.

Et la fille ?

La fille sûrement aussi !

La fille, elle va pas tarder, cinq heures et demi !

Elle a une petite poitrine mignonne, pas finie, mais mignonne !

                        Le collège est vachement moderne, mieux que celui de chez moi, ça fait déjà une semaine que je viens me faire chier ici, mais bon, j’ai pas le choix !

La première journée, Émeline m’a drivé avec gentillesse, ben quoi on peut rêver !

Non mais je dois dire, que ça va nettement mieux avec elle !

Mais chez eux les Berthod, j’ai un peu de mal, parce que c’est vraiment très propre, faut faire attention à tout, en plus la première nuit, j’ai pissé au lit, ça a pas été facile à expliquer, mais bon Martine a été gentille, elle m’a dit que c’était pas grave, mais n’empêche que ça a été le sujet de conversation du repas du soir, j’étais pas gêné ?

Bref, quand même, personne s’est moqué de moi, même pas Émeline !

Mais quand même maintenant, j’ai peur tous les matins en me réveillant !

Le week-end, on l’a passé dans leur propriété, à la campagne, un petit village, triste, en plus il pleuvait ! Et puis, c’est vraiment un petit village, y a personne, enfin dehors, personne qui se promène !

Mais la propriété est très grande même immense ! La maison comme le terrain, immense !

Pas très loin il y a un centre équestre, et toute la famille monte, donc il m’ont emmené, avec eux.

Émeline a absolument voulu que je monte, pour faire une balade en forêt avec elle, moi, c’était la première fois que je monte là-dessus, et franchement, j’étais pas à l’aise !

Mais comme je voulais pas la décevoir, j’ai !

On a passé une partie de l’après-midi, à se balader comme ça, en forêt, tranquillement et trempé !

Eux, ceux sont leurs chevaux, ils sont en pension dans ce centre !

Décidément, ils sont encore plus friqués que je croyais !

Mais quand même, j’ai passé un super week-end, comme il n’y a pas de télé là-bas parce qu’ils disent que ça sert à rien d’aller en famille à la campagne, si c’est pour rester devant la télé !

On fait des jeux de société, style petits chevaux, nains jaune, monopoly, des jeux de cartes aussi.

Moi franchement le monopoly, j’aime pas c’est trop long, non vraiment j’aime pas !

Du coup on se couche tard, en plus en jouant, chacun raconte sa semaine, enfin, tout ce qu’on a pas pu se raconter pendant le semaine, justement !

Pendant le week-end, j’ai même pleuré, le samedi soir tellement j’étais heureux d’être comme en vraie famille, et même j’ai eu honte en pensant à ma grand-mère, comme si je la trahissais !

Voilà, pour le week-end !

Donc, ça va beaucoup mieux avec Émeline, y a même des filles au collège, qui lui ont demandé, pour qu’elle me présente !

Alors le soir, on rentre tous ensemble, ceux qui sont sur la même route !

Et mercredi, on fait un goûté avec tous ces amis de collège, mais dans le garage, pour pas salir.

Si il fait beau, on pourra sûrement déborder dans le jardin.

Du coup, avec tout ça je m’efforce de bien travailler, enfin le mieux que je peux, le soir on s’enferme dans ma chambre avec ma nouvelle sœur, et on travaille ensemble, enfin surtout, elle me fait travailler !

En plus, comme on est dans la même cinquième ! Et puis elle est quand même bien plus en avance que moi, c’est bien parce que on peut comparer nos notes, et ben c’est pas comparable !

Après le soir, on met le couvert ensemble, et en rigolant, les parents sont contents que l’on s’entendent bien.

Et c’est vrai, que ça va bien entre nous !

On mange toujours en famille, matin, midi, et soir, et jamais de télé, après mangé seulement, et que le soir.

Pas question qu’il y est un absent !

Mais des fois, le soir, il y a des invités.

Mais les invités, c’est que la semaine, parce que Yves il dit qu’il ne veut personne à sa campagne !

Et, souvent les dîners avec invités, finissent très, très tard, par des jeux de cartes, surtout au Bridge, moi j’ai essayer de regarder, de suivre, mais franchement, j’y comprends rien, et pourtant souvent, Yves me force un peu le soir quand on a le temps, à jouer, tout en m’expliquant les règles.

Parait que c’est un jeu de gentleman !

Moi, je préfère jouer aux échecs, avec Émeline ! C’est elle qui m’a appris à jouer.

Surtout que maintenant, j’ai bien compris le jeu, alors je peux tricher !

Ben, autrement, je perdrais à tous les coups.

Pas une pièce qui bouge pareils ?

J’aime bien aussi les échecs indienne, ça se joue avec un dé, chaque numéro correspond à une pièce, que l’on est obligé de déplacer ; donc la, faut compter un peu plus sur la chance, et puis c’est plus facile pour tricher ?

Et puis le soir après avoir bien jouer, mon père adoptif, consulte mes devoirs, et leçons, c’est pas le moment que je préfère, mais quand même, c’est parce qu’il s’intéresse à ce que je fais !

Puis je suis quand même tranquille, Émeline est déjà passée par là !

Ensuite, si il trouve que tout est bien, dodo, mais par contre si ça lui plait pas, alors là on s’installe sur la table de la cuisine, et re-au boulot ?

Demain c’est jeudi, et j’ai un peu d’appréhension, c’est surtout des filles invitées, des criardes, et gloussantes à la moindre occasion.

Depuis quelque temps, je n’ai plus besoin de Baptiste, c’est peut-être pour ça qu’il ne vient plus me rendre visite la nuit ?

Mais, je suis sûr, qu’il veille encore un peu sur moi !

Jeudi, Martine et Émeline, m’ont entraîné faire les magasins, elle trouvait que j’avais rien à me mettre, c’est vrai que mes vêtements, ben ils étaient un peu usés, et surtout pas à la mode du tout, alors, on a fait plein d’achats, même un costume pour recevoir les amis des mes nouveaux parents !

Après on a fait un tour chez le coiffeur, et là j’ai eu droit de choisir ma coupe, enfin presque, parce que mes deux premiers choix ont vachement été critiqué, et la mère et la fille étaient tout a fait d’accord entre elles, du coup j’ai choisi sans choisir ?

C’est vrai que bien habillé, et bien coiffé, je me trouve drôlement bien comme mec ?

D’ailleurs, j’ai remarqué dès le lendemain, dans les yeux des filles, je m’y voyait en mieux !

Faut dire que l’on est dans un collège privé, et que la plupart des élèves sont vachement friquets !

Enfin leurs parents !

La fête, c’est bien déroulé, y a une fille qui m’a pas décollé de l’après midi !

Du coup le soir en mettant le couvert, au lieu de rigoler, et de se faire des farces comme d’habitude, Émeline s’est ingéniée à déposer violement les couverts, les assiettes et les verres, sur la table, tout en évitant mon regard.

Je crois, que j’ai fait une bêtise énorme, en ne m’occupant pas assez d’elle, cet après-midi.

Mais je pouvais pas me douter ?

Enfin, ça lui passera.

J’espère !

Décembre, mes parents ont loué des chambres d’hôtel à Honfleur.

On viens juste pour y passer le week-end, pour nous changer de la campagne, je suis très fier, Martine m’a expliqué qu’elle ne peut plus avoir d’enfant, et que ça a été un drame pour mon père, parce qu’il voulait à tout pri un garçon ! Alors forcément il est vachement heureux que je sois là !

Ça m’a fait du bien d’entendre ça ! Beaucoup de bien !

En arrivant, de trop bonne heure, on a pris un petit déjeuner sur le port.

C’est drôlement joli, j’aime !

Après vers dix heures, on est allé dans un coin où il y a que des peintres, superbe, enfin y en a quand même qui font n’importe quoi, mais bon !

Et puis, vers onze heures, messe, parce que j’ai pas raconté, mais le dimanche, c’est église !

Obligatoire, pas le choix !

À midi, enfin à la sortie, on va manger dans un restau, toujours sur le port, que des fruits de mer, y a des trucs que j’avais jamais mangé, et si je peux que je remangerais jamais !

Par les fenêtres à petits carreaux, je regarde les gens passés, d’autres qui s’arrêtent pour regarder les cartes des restaurants, les bateaux aussi.

Les bateaux dans le bassin ils se balancent au gré des mouvements de l’eau, à force de regarder, plus certains goûts de coquillages, je sens que tout remonte, même jusqu’au dîner d’y hier au soir, et peut-être d’encore plus loin ?

C’est la première fois que je viens au bord de mer, surprenant, grandiose, affolant !

Ça fait quand même peur ! C’est beaucoup trop grand.

Et l’odeur, au bord des quais, une odeur que je ne connaissais pas.

Écœurante l’odeur !

Peut-être, que ça aussi ça a jouer sur mon estomac ?

Papa, demande à la ronde si tout le monde est d’accord pour faire une petite sieste, je suis le premier à lever la main.

En effet, ce serait plus prudent de m’allonger un peu !

Ce qui fait, qu’on se dirige vers l’hôtel, où on a déjà laissé nos bagages ce matin en arrivant !

Une fois dans la chambre, je m’allonge, et là, ça tourne, mais ça tourne !

Je me précipite dans la salle de bain, et la tête au-dessus des toilettes, adieux huîtres, moules, bigorneaux, palourdes, crabes et autres crustacés !

Je me fais couler un bon bain, j’adore rester comme ça à tremper dans l’eau.

Dans le bain là c’est pas les bateaux qui bougent au gré de l’eau, c’est mon sexe, du coup il finit par grandir et durcir, j’aime !

Je reste là, à attendre, de temps en temps je remet un peu d’eau chaude, parce que ça refroidit assez vite !

Et je finis par m’endormir, en faite je sais que j’ai fini par m’endormir, parce que je me réveille dans de l’eau très froide !

Pour me réchauffer, je fais couler de l’eau chaude par la pomme de douche, ça fait du bien.

En tout cas, mon mal au cœur va bien mieux !

C’est maman, qui vient toquer à ma porte !

La voiture me berce, j’aime cette sensation, on roule de nuit, c’est encore mieux, mais le jour c’est bien aussi, on peut voir le paysage !

On rentre tard, parce que j’ai affirmé que j’avais fini mes devoirs, évidement c’est même pas vrai !

Mais, dès en rentrant, je vais m’y mettre, Émeline n’a rien dit, même, elle a juré qu’elle m’avait aidé à les faire ?

Aussi menteuse que moi !

Je suis fier d’elle, maintenant elle me défend, on s’entend comme frère et sœur, dés fois on s’engueule, mais faut pas que quelqu’un d’autre vienne faire chier l’un d’entre nous, parce que aussitôt l’autre arrive !

Même si c’est nos parents !

Bref, je suis les phares des yeux, ça éblouit, j’aime !

Moi je monte toujours derrière papa, et Émeline derrière maman.

Quand on est en famille, c’est toujours papa qui conduit, toutes façons maman n’aime pas ça, surtout la nuit !

Y a que quand on fait la fête, papa n’est pas toujours raisonnable côté boisson !

Mais c’est juste quand il y a une fête !

Alors, donc, comme je suis derrière le chauffeur, je regarde par-dessus son épaule, dès fois je regarde sa tête, aussi je vois souvent qu’il me surveille dans le rétro, quand il s’aperçoit que je le vois il me sourit.

Et ça, ça me fait plaisir, parce que c’est un sourire du cœur ?

-         Papa, je pourrais bientôt voir ma grand-mère ?

Alors là stupeur, c’est la première fois que je l’appelle « Papa » !

Du coup il en a un coup de frein dangereux !

Puis il reprend la route, normal, j’aime pas les gens qui ne veulent pas faire voir leurs émotions, j’aime pas !

En tout cas, papa a accusé le coup !

Une qui rigole, c’est Émeline, parce que avec elle, je me gène pas pour les appeler, papa, maman !

Je vois dans le rétro, qu’il a les yeux limite humides.

J’en suis fier !

Maintenant, je sais que c’est mon père !

Ma mère, c’est pas pareil, elle est un peu trop-collé monté, et alors j’ai pas toujours, avec elle les rapports que je voudrais, mais quand même, je l’aime !

Émeline, c’est ma sœur je l’aime, mais plus encore, elle est trop belle, et en plus elle sent tellement bon, et ses petits nénés, qui poussent, tout durs et tout fiers !

Pour en revenir à ma question.

-         Oui bien sûr quand tu veux, tu me préviens pour que je demande l’autorisation à l’assistante, et je t’y emmène quand tu veux !

Me voilà rassuré, je sais que je peux demander !

J’aime bien les virages dans la campagne, parce que les phares tournent en même temps que le volant.

Ça fait drôle, que quand on tourne, on voit le pinceau lumineux qui tourne aussi, génial !

En plus, c’est la seule auto à faire ça ! En plus elle est très souple, et puis derrière on a de la place, j’adore cette voiture.

Papa conduit toujours souplement, en douceur, le levier de vitesses est tout petit, comme une baguette, sur le tableau de bord, juste derrière le volant !

C’est une boite automatique je crois, parce qu’il n’y a pas de pédale d’embrayage !

Mon rêve, ce serait que papa m’apprenne à conduire sur sa voiture ?

Mais j’ai pas l’âge !

Je me suis sûrement assoupi, je suis dans les bras de papa !

Du coup je referme les yeux, et je me laisse porter, c’est bon !

Lundi matin, ça j’aime pas, six heures et demi, debout, j’ai dormi tout habillé, une bonne douche, et hop petit déjeuner.

Là c’est maman qui nous sert ; ça tape à la porte de la salle de bain, Émeline est pressée.

Alors, petit déjeuner, on a droit au chocolat chaud, tartines beurrées, mais pas trop et jus d’orange !

Le chocolat, c’est pas du cacao, c’est du chocolat cuit doucement, et quand on se réveille, y a cette superbe odeur qui monte jusque dans les chambres.

C’est une odeur de bien être !

Je crois que je pourrai jamais oublier cette odeur !

Comme tous les matins, papa nous attend assis en bout de table, maman debout, presse son petit monde, moi ma place est à la droite de papa, et ma sœur à sa gauche, tous les repas, petit déjeuner compris, il nous est demandé de parler, d’échanger plutôt, comme dit maman !

Et personne, ne peut prétendre commencer à manger, si tout le monde n’est pas à table !

À sept heures et demi, on monte en voiture, papa nous emmène tous les matins !

Ce matin on est en retard, parce que sur la route, il y a eu un grave accident, une R8 bleue a fait des tonneaux, et s’est encastrée dans une 2CV camionnette, qui arrivait en sens inverse, il y avait les pompiers, avec l’ambulance, on a pas trop su, mais apparemment, il y avait un blessé grave !

Bref, on a été bloqué pendant longtemps, si bien que j’ai raté la première heure de cours.

Évidemment, papa n’a pas eu le temps de nous faire un mot, si bien, qu’il faut passer par le surveillant général, qui, lui, prévient immédiatement maman !

En plus, comme c’est un collège privé, on est vachement surveillé.

Finalement, pour moi c’est mieux, parce que ça m’oblige à travailler !

C’est que, je voudrais pas trop décevoir ?

Jeudi après-midi, on est allé au cinéma, ma sœur et moi c’est la première fois que j’entrais dans un vrai cinéma, l’écran est immense, le son très fort, et les images, superbes, je dois dire que les scènes d’explosions, ça m’a quand même foutu les jetons !

C’était un James Bond, « Les diamants sont éternels » !

Avant il y a eu un court métrage, pas terrible, vraiment pas bien !

À l’entracte, on a mangé des esquimaux, chocolat pour moi !

Dans le cinéma, on a retrouvé des gars et des filles de notre collège, alors, on s’est mis tous ensemble, mais y en a un qui m’énerve, parce que il nous a fait chier pour se mettre à côté de ma sœur, et moi je trouve qu’elle est beaucoup trop jeune, pour se faire emmerder par un con de garçon en plus tout boutonneux, et moche !

Si bien, qu’à un moment, je l’ai attrapé par le col, et je lui fait voir mon poing :

-         Tu le vois celui, tu le vois bien, fais gaffe, tu vas le prendre sur la gueule !

-         D’abord, c’est pas ta vrai sœur !

Ben alors, il la prit sur la gueule !

Après on a eu la paix !

Tranquille !

Enfin, presque, parce que, il y a un vieux qui m’a engueulé, j’ai pas osé répondre, je voudrais pas qu’on me renvoie dans un foyer.

Je crois qu’Émeline et fière de moi, elle m’a tenu la main tout le film.

Et ça m’a fait chaud, pas qu’au cœur !

Dehors, quand on a retrouvé le jour, on a tous joué un peu sur la place du ciné, sauf gueule cassée, qui me parle plus, mais je m’en fous !

Avec les autres garçons, on a joué à la bagarre !

Les filles, ben les filles, elles se sont raconté des histoires de filles que j’entendais pas, mais des conneries sûrement ?

                        Vendredi soir, j’aime beaucoup, parce que, à la télé, il y a « au théâtre ce soir » !

Et ça c’est mon émission préférée, et à papa aussi, maman des fois oui, des fois non !

Émeline, elle préfère écouter de la musique, elle est folle amoureuse d’un nouveau chanteur bêlant, il s’appelle Julien Clerc ! Non seulement il bêle, mais en plus il a une touffe de cheveux énorme et tout frisés, et ça, ça plait pas trop à papa !

Moi en musique j’aime mieux les Rollings stone, les Beatles, les Creedence ; surtout leur album « cosmo’s factory, en français, j’aime Johnny, et Claude François et surtout ses Claudettes.

Bien sûr il y en a d’autres, mais c’est surtout cela que j’aime !

Bref, pour en revenir au théâtre, ce soir c’est « les portes claquent », de j’sais pas qui.

Donc, côté musique, avec Émeline, c’est là que nos goûts différent, en plus j’adore la faire râler en disant du mal de Julien Clerc, j’adore !

En vrai, je crois que je l’aime bien aussi !

Je me vautre sur le canapé, entre mon père et ma mère, à ce moment là, papa me tend une lettre,

-         Tiens elle est arrivée hier, mais j’ai hésité à te la donner !

si tu veux aller la lire dans ta chambre, je comprendrais !

Cette lettre, elle est de Joachim.

Si quelqu’un pouvait me raconter, « les portes claquent », parce que j’en ai rien vu !

Mon cher Alex.

                        

J’ai fini par obtenir ta nouvelle adresse par ta grand-mère, mais ça a pas été trop facile, il a fallu que je lui écrive plusieurs fois.

Enfin je l’ai obtenue.

Ça me permet de t’envoyer la mienne, mais je suis très surveillé.

Pour se voir, ça va pas être facile, parce que maintenant j’habite Versailles.

Tu me manques de plus en plus, je t’aime de plus en plus fort !

Je ne pense plus qu’à toi !

Je voudrais tellement te toucher, t’embrasser, te tenir dans mes bras, caresser tes lèvres avec mes lèvres !

Si tu m’écris, envoie à cette adresse, c’est un copain de mon nouveau collège, et je lui ai raconté des craques !

            Encore et toujours à toi, et pour la vie !

                                               Joachim.

J’en suis tout retourné, je l’avais pas oublié, ça non, mais avec ma nouvelle vie, si, peut-être je l’avais un peu oublié ?

En fait, je sais pas, souvent quand même je pense à lui, mais c’était comme une autre vie.

Et avec cette lettre, je m’aperçois que je l’aime encore !

Je me mets au lit, ce soir là, c’est le premier soir, où je vais pas dire bonsoir à ma famille. Mais je peux pas dormir, je réfléchis !

On frappe à ma porte, c’est papa et maman, qui viennent me souhaiter une bonne nuit, maman me fait un petit bisou tout léger, et papa lui un gros baiser, comme une excuse.

J’arrive toujours pas à dormir, alors je vais voir Émeline dans sa chambre, elle croit que je viens juste pour lui dire bonsoir, mais je lui tends ma lettre, elle la lis, elle me regarde, je lui fait pitié, je le lit dans ces yeux, et j’aime pas ça.

Je m’allonge sur son lit, elle en fait autant, elle éteint la lumière !

Je l’entends juste me dire,

     -   Mais alors t’es p.d ?

Et la je m’endors.

-         Bonjour maman !

-         Bonjour Alexandre, Yves t’attend dans son bureau il a reçu ton bulletin !

Je savais qu’il arriverait un jour celui-là, aujourd’hui c’était le dernier jour de bahut, on a fait une fête super, évidemment les profs ont râlé, mais juste pour le principe !

Bien, ben c’est la première fois que je suis appelé au bureau de papa !

J’espère que sait bon, parce que vraiment je me suis donné à fond !

-         Mon fils, (c’est la première fois qu’il m’appelle mon fils.) je suis fier de toi, très fier ! Fier, non seulement de tes notes.

Mais surtout des appréciations de tes professeurs ;

Du coup j’en ai fait une photocopie, pour donner à ta grand-mère.

Ah oui ; surprise ; on a combiné, avec ta mamie de passer le jour de Noël chez elle !

Voilà, mais pour cela je voulais que tu aies fait un effort, et là je dois dire que je suis tout de même très surpris, parce que tu étais parti de bien bas !

En plus le jour de Noël, tu auras quatorze ans, et cela se fête dignement !

Bien sûr il y a déjà un moment que je suis dans ses bras, et qu’il finit ses phrases dans mes oreilles, avec une grande tendresse.

Maintenant, je voudrais jamais changer de famille !

Jamais !

Je dis quand même à papa,

-         Ce serait bien si tu félicitais aussi Émeline dans ton bureau comme moi, je voudrais pas qu’elle soit jalouse !

-         Décidément mon fils tu as beaucoup de qualité ! C’est entendu !

Sans Émeline, jamais je ne serais parvenu à ce résultat !

Depuis, l’autre nuit qu’on a passé ensemble dans son lit, ça nous arrive souvent de dormir ensemble, j’ai moins peur !

Donc, Noël, cette année tombe un samedi, comme on est mercredi soir, encore jeudi et vendredi, pour le réveillon, mes parents ont invité plein de monde, pour une fois à notre campagne.

Ça va sûrement être une super fête, papa est très organisateur de ce côté-là !

Il nous a demandé ce qu’on voulait pour comme cadeaux, moi j’ai répondu, une surprise !

Moi comme cadeaux pour eux, j’ai mis toutes mes économies de côté, parce que j’ai de l’argent de poche, cinq francs toutes les semaines, et j’y ai jamais touché, j’ai tout mis de côté, pour au cas où ?

À part, pour des timbres, pour écrire à Joachim et mémé !

Décidément ce Noël, va pas être comme les autres, je vais avoir du bonheur tout le temps, plein de bonheur !

Le soir de Noël, extraordinaire, je tourne en rond dans la propriété, depuis au moins trois heures, maman a fait venir un traiteur, et un serveur à domicile, et c’était pas trop le moment de se trouver dans les pattes des uns ou des autres, donc avec ma sœur, on a décidé de débarrasser le plancher, et on fait la navette entre l’entrée du village et l’entrée de la maison.

En espérant voir les premiers invités arrivés !

Tout les deux on est surexcité !

On sait bien que c’est beaucoup trop tôt, mais on ne tient pas en place, on est arrivé hier au soir, et ce matin on a couru chercher un sapin, ensuite on l’a décoré !

Émeline m’a dit que j’allais être très surpris, ce qui fait que j’ai des fourmis partout, dans les bras, dans les jambes, et surtout dans la tête !

J’ai hâte d’ouvrir mon cadeau, pourtant je me dis que mon plus beau cadeau, c’est quand même ma nouvelle famille !

En plus de surexcitation, demain, on va chez grand-mère, je vais pouvoir présenter les uns aux autres, faire voir les gens d’avant à Émeline !

Il est cinq heures, il fait froid, mais pas le même froid que quand j’étais plus petit, d’abord parce que je suis chaudement habillé, et puis aussi parce que j’ai le cœur au chaud.

Voilà papa qui nous rejoint, tout emmitouflé, faut savoir que c’est lui, il n’a que les yeux qui sortent des vêtements, et encore il les ferme à moitié, il a une démarche lourde et peu sûre !

La neige crisse sous ses pas.

On dirait un ours fragile comme ça !

-         Les enfants j’ai envie d’aller faire une promenade avec vous !

Les invités n’arriveront pas avant deux bonnes heures ! Et encore s’ils ne se perdent pas !

Et nous voilà partis tous les trois.

On a pris chacun une main de papa, je nous regarde, tous les trois, et je nous vois fier d’être ensemble.

Les enfants fiers de leur père, et le père très, très fier de ses enfants.

Je regarde ma vie, comme si j’étais à l’extérieur de moi.

D’un coup, la neige tombe en tourbillon, des gros flocons, c’est magnifique, ça pique les yeux, et ça refroidit le nez, mais c’est très beau, papa parle de rentrer, ma sœur et moi on se récrie, et à la vue de notre joie, il n’insiste pas !

J’aime la neige aussi quand on roule en voiture, la nuit, la neige dans les phares, ça fatigue mais d’un autre côté ça donne une impression bizarre de vitesse ; impressionnant !

Quand on rentre, la tête et le visage trempés, maman ouvre de grands yeux pousse un cri, et part précipitamment, elle revient toujours en courant armée d’une serviette de toilette, se précipite sur moi, et m’essuie, vigoureusement, puis passe à ma sœur, on se regarde Émeline et moi, et on éclate de rire !

Maman croit qu’on se moque d’elle, je la prends dans mes bras, et je lui dis,

-         On se moque pas, c’est un rire d’amour !

Alors, elle nous fait un gros baiser, les yeux humides !

La cloche de l’entrée se fait entendre, les premiers invités arrivent !

Moi, qui les attendais avec impatience, maintenant, j’ai juste envie de papa, maman, et ma sœur !

Après tout, Noël, c’est juste des gens qui s’aiment ! Pas des étrangers.

Dans ce village, il n’y a pas de messe de minuit, il faut aller beaucoup plus loin, et vu le temps papa nous dit que nous n’irons pas !

Moi, je me rappelle de celle de l’année dernière !

J’aurais bien aimé !

Cette année il n’y a pas d’enfant, c’est que des gens très vieux, enfin plus que papa !

C’est l’apéritif, Champagne, je me suis calé sur ses genoux,

j’aime bien me caler sur ses genoux.

Je sens bien que je deviens égoïste, et possessif ! Mais j’y peux rien,.

Ensuite, on passe à table, maman s’active, court partout malgré la personne qui a été engagée pour le service, il faut qu’elle surveille qu’elle mette la main à la pâte.

C’est toujours important pour elle de bien montrer que c’est elle qui reçoit !

J’ose pas trop toucher aux huîtres, j’en ai de mauvais souvenir !

Plus le repas avance, plus les gens parlent fort, et gaiement !

Les femmes, posent un tas de questions à maman sur moi, si c’est pas trop difficile avec un enfant dont on ne sait pas d’où il vient, tout ça quoi, en plus avec les lèvres pincées, je me demande pourquoi papa a invité ces gens là ?

À ces questions, maman a rougi, elle me regarde gêné, c’est un regard d’excuse pour ses amies !

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