Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écritures
Publicité
Archives
Derniers commentaires
27 mai 2006

J’aime bien l’odeur quand mon père fume, ça fait

J’aime bien l’odeur quand mon père fume, ça fait comme partie de lui, alors je me suis dit que le goût devait être pareil, eh ben pas du tout ! dégueulasse, atroce, horrible, au bout de la moitié de la clope, hoquet, au trois quarts, vomi, la tête qui tourne et tout, les yeux qui piquent, les murs de la grange qui faisaient la sarabande, j’avais beau m’agripper au sol ça tournait, j’ai cru crever !

Le manége enchanté, tournicoti-tournicota !

Zébulon !

Je suis rentré après je sais pas combien de temps, pas de bol mon père était déjà là, et vu que je titubais évidemment : interrogatoire. Alors là, ma première claque dans la gueule, euh quand je dis claque, c’est très léger comme mot !

Et en plus comme j’étais près du mur, lui aussi je me le suis mangé !

Douleur !

Quand j’ai pu y voir à nouveau, j’ai vu mon père qui pleurait, la première fois aussi !

Du coup entre l’envie de le haïr, et l’envie de l’aimer, je savais plus quoi choisir !

Je sais que c’est parce qu’il m’aime qu’il n’a pas pu se retenir, mais quand même, on peut s’expliquer autrement, non ?

Enfin finalement je lui en veux pas, mais j’ai quand même mal, putain la claque !

Entre le mal au cœur et la claque, je sais pas si je refumerai un jour, ou alors dans longtemps !

En tout cas, je sais pas pourquoi c’est dangereux de fumer pour moi, et pas pour les adultes.

Faudrait qu’on m’explique ?

Ou alors le danger c’est de prendre des claques !

Je suis content parce que pour ma première gifle, c’est mon père qu’est plus malade que moi, bien fait !

Du coup je suis allé me coucher sans manger, comme si j’avais faim.

Quoique avec tout ce que j’ai vomi dans la paille j’aurais pu avoir faim, mais franchement, c’était trop risqué de manger !

J’ai eu du mal à dormir, ça tanguait drôlement, un coup je dormais, un coup je dormais plus, je sais que mon papa surveillait, parce que de temps en temps je l’entr’apercevais, inquiet, enfin, je crois !

Eh ben, c’est une journée que je suis pas prêt d’oublier.

Si seulement je pouvais dormir bien profond pour de bon.

Je suis comme dans un écho, j’entends mon père qui écoute la télé en bas, je voudrais bien aller me faire pardonner, mais j’ai trop de mal à me lever, ça tourne toujours !

On verra demain !

Ce matin ça va mieux, mais j’ai encore un peu mal à la tête.

Mon père m’a préparé mon petit déjeuner comme d’hab. Il me parle de rien, c’est gênant parce que je sais pas s’il a oublié ou s’il ne veut plus en parler.

Un jour je lui ai affirmé que je pouvais me débrouiller pour le petit déj., mais il m’a répondu que c’était pas la peine de faire des gosses si c’était pour pas s’en occuper !

Ça m’a bien plu comme réponse !

Ça m’a fait chaud au cœur !

Et pourtant des fois ça me fait chier qu’il s’occupe trop de moi !

Mais bon !

Le mieux ce serait qu’il soit là que quand j’ai besoin, mais là faut pas rêver !

LE GRAND DUC.

Un soir assez tard, un copain m’avait invité dans son grenier pour voir des Grands Ducs, mon père m’avait donné la permission, rare, alors moi qui avais toujours entendu parler des ducs de l’histoire de France, et aussi de la Duchesse de Maguedelone, alors, forcément, j’étais très impressionné.

C’est une vieille demeure, tout en pierre.

Une maison très, très haute.

Arrivé dans l’escalier du grenier, il m’a dit de faire doucement, sans bruit, là j’ai pas très bien compris pourquoi, enfin j’ai pensé à une surprise !

Il a ouvert la porte, doucement, tout doucement, et on est entré dans le noir, là j’ai commencé à avoir peur.

Mais, alors des fois je suis vraiment con, c’était juste des oiseaux, qu’on aurait dit un genre de hiboux.

J’étais vachement déçu, moi qui croyait qu’on ferait une fête comme au château !

C’était quand même beau à voir.

On est resté sans bouger drôlement longtemps

Ils rentraient, ils sortaient, par un trou entre la toiture et le mur, ça faisait comme un jour !

Je sais pas si Grand Duc c’est leur vrai nom ?

Moi, j’avais qu’une envie c’était de me barrer, j’avais un peu, même beaucoup peur !

Après, on est descendu se réchauffer devant l’immense cheminée du salon, salle à manger.

C’est tellement grand dans la cheminée, qu’on pourrait y loger au moins à huit côte à côte, on pourrait y mettre pas des chênes géants, mais des chênes normaux, oui on pourrait !

L’hiver, le père sépare la salle en deux, avec un genre de grande baie vitrée amovible, à petits carreaux.

Comme ça c’est plus facile à chauffer.

En fait, l’hiver ils vivent surtout dans la cuisine.

Comme beaucoup à la campagne !

PETARDS.

Avec mon copain Thomas, on avait récupéré des pétards qu’on se sert dans les champs pour effrayer les oiseaux qui veulent bouffer les récoltes.

C’est des grandes mèches en cordes, oui ça fait comme de la grosse ficelle, et tous les ch’sais pas combien, y a un pétard d’attaché par sa mèche.

Alors pour s’amuser il suffit de les détacher et de les allumer.

Faut faire attention parce que c’est quand même dangereux, surtout que la mèche est très courte, comme je le disais tout à l’heure.

Thomas en a récupéré tout un tas chez son père.

On en a fait péter partout dans le village !

Aussi quand on arrivé à l’école, le lundi matin, l’instit a rien dit, puis après la leçon de morale, sur le respect d’autrui, et le droit au calme, et au repos il a rajouté « surtout à la campagne ».

Là, j’ai commencé à me douter de quelque chose.

Il nous a fait lever, et nous a fait vider nos poches sur les pupitres.

Moi ça allait bien, parce que j’avais déjà tout planqué dans une haie, avant de rentrer chez moi, pour pas que mon père tombe dessus, ça l’aurait pas fait rire !

Mais pour certains, c’est incroyable tout ce qu’ils peuvent mettre dans leurs poches !

Alors là, silence total, enfin au début, mais après, bonjour les claques dans la gueule ! Parce que y avait pas que des pétards dans les poches, y avait aussi des clopes !

Bref, punition pour tout le monde, histoire de rater personne.

Enfin, moi je m’en fout, j’ai échappé aux claques, c’est déjà pas mal.

Quand je dis punition pour tout le monde, sauf pour les filles évidemment !

« Mais non elles sont pas capables d’un acte pareil ! ».

On voit bien qu’y sort pas le dimanche, l’instit.

Les filles, y a pas pire !

Surtout entre filles !

Et avec les garçons, tout le temps à faire leurs petites mines, à parler aigu, comme des bébés, en plus !

Y en a une, elle a comploté avec des copines à elle, elles ont chopé un garçon, et elles l’ont déshabillé.

Évidemment, c’est la chemise qu’elles ont enlevée.

Ça aussi ça a fait des histoires !

Bref, c’est des salopes !

Faut que je vous raconte aussi, on a eu la visite médicale scolaire, en fin d’année.

Alors là j’y ai eu droit, c’est mon père qui m’a lavé !

Il a eu du boulot !

Enfin bon, il me l’avait promis déjà plusieurs fois, fallait bien que ça arrive.

En tout cas j’ai jamais été aussi propre, j’en ai bien pour au moins deux mois.

On peut pas dire que ça se soit bien passé, surtout quand l’infirmière m’a touchée les boules, j’y ai mis un pain dans la gueule.

Totale punition !

C’est tous des cons !

Y a que mon père qui m’a donné raison.

Du coup, il est allé voir l’instituteur, j’y étais aussi, ça a chié !

J’ai bien cru qu’il allait lui faire bouffer le mot à signer par les parents.

Le Corse était pâle.

Heureusement que c’est bientôt la fin de l’école.

En tout cas, je suis content, parce que papa m’a défendu, et c’est ça le plus important, pour moi !

Qu’il soit là quand j’ai besoin.

Ça prouve !

Alors, en plus pour en revenir aux couilles.

Comme y a qu’une classe, forcément, ça se passe devant tout le monde, même le maître !

Agréable ?

Les adultes nous prennent pour quoi, nous aussi on a nos pudeurs, je sais le mot pudeur parce que mon père m’en a parlé, après !

En tout cas, ça m’a vraiment pas plus, et plus jamais de ma vie je reverrai un médecin, plus jamais je leur ferai confiance !

PARTIE DE CHASSE.

Raconter une partie de chasse, rédaction en une page.

Rigolo, l’instit, je suis allé qu’une seule fois à la chasse, avec mon père.

J’ai failli me faire descendre !

Bon ; à part ça, on a vu un lapin, qui a bien rigolé, puisque un peu plus, et c’est moi qui prenais la cartouche.

On était parti de bon matin, enfin il a fallu se lever tôt, pour papa, c’est bien avec ses insomnies.

Il a fallu quand même que JE me lève tôt.

Mais j’étais quand même content de l’accompagner à sa première sortie « chasse », d’autant que, ce que je savais pas encore, c’est que c’était aussi ça dernière.

En plus on n’avait pas de chien.

Depuis le temps que je lui disais d’en prendre un.

Qu’est-ce qu’il m’a répondu, mais oui, mais tu comprends, après faut toujours être là, faut s’en occuper, etc, etc.

Comme si on partait souvent, enfin que des prétextes.

En plus je lui ai promis de bien m’en occuper.

Mais il m’a pas cru !

Il m’a rappelé des vieilles promesses.

Comme quoi il est très, très rancunier !

Des histoires de hamsters, de souris blanche, d’un chat aussi.

C’était quand j’étais petit, y a longtemps, un an ou deux au moins !

Et en plus je me rappelle pas du tout d’avoir promis quelque chose.

Bon, pour en revenir à la chasse, enfin plutôt à la rédaction sur la chasse, j’ai pas vraiment grand-chose à raconter, d’autant que ça regarde personne, les exploits de mon père, v’là la honte si je raconte comment y tire bien !

À la campagne, la chasse, c’est quand même assez sacré.

Alors, va encore falloir que j’invente un truc, mais quoi ?

Une fois, on a eu comme sujet, votre meilleur souvenir de vacances, à ben là je m’suis pas gêné, j’ai raconté la toile de tente, et le camping.

J’ai raconté comment mon père était heureux sur son matelas dur, et aussi comment il était content de vivre dehors comme ça, le bruit des autres, les parties de pétanques, les gens sans gêne qui ont toujours besoin de quelque chose, les couples que s’engueulent le soir tard de préférence.

Moi, ça a été, j’avais passé de bonnes vacances.

Alors, une journée de chasse ?

Donc, nous sommes partis de bon matin, comme dans un bouquin de lecture, il faisait frais, euh très frais même, faut dire que chez nous, le matin il fait toujours très frais alors, comme ça je peux pas me tromper !

Donc, il faisait frais.

Euh, avant faudrait peut-être que je parle du petit déj. Copieux, pour donner des forces aux chasseurs, qui vont marcher si longtemps, dans la plaine et les bois.

Je l’ai lu dans Pagnol.

Le film est passé à la télé !

Moi, je l’ai pas vu, mon père en a profité pour m’acheter les livres, y en a deux, en me disant que c’était mieux ?

Sympa, non ?

Alors après le petit déjeuner copieux, on marche, encore, et encore, à la recherche du superbe gibier !

Je lui décrirais bien un lièvre, mais j’en ai jamais vu ?

Et puis j’ai pas envie !

Je pourrai aussi lui raconter, comment, après avoir raté le lapin, on a fini la chasse en tirant dans des vieilles boites de conserve, derrière notre maison, dans le champs, mais je suis pas sûr que ça l’amuse autant que moi !

Donc nous sommes à la recherche de gibiers.

Il pleut depuis quelques jours, alors forcément, on patauge dans la boue, on a mis des bottes, mais elles sont dures à arracher au sol.

C’est crevant !

Moi ce que j’aime dans la chasse, c’est le repas, même quand on chasse pas, avec mon papa, on va quand même au repas !

C’est super, heureusement que les chasseurs chassent bien le matin, parce que l’après-midi, y vaut mieux qu’ils prennent pas le fusil.

V’là l’état !

Je sais vraiment pas quoi lui raconter, je vais lui donner une feuille blanche.

Encore un zéro, mais ça fait rien je suis habitué !

C’est mon père qui va être content !

Cette année, je lui en ai déjà ramené plusieurs des zéros, il aime pas, mais alors pas du tout !

Il m’a même menacé de la pension, mais je sais qu’il le fera pas, j’en suis sûr ?

Je lui manquerais trop.

Enfin, là j’ai quand même un peu peur, parce que ce matin, j’en ai déjà eu un en dictée, alors ça fait beaucoup, il va falloir que je lui fasse signer les deux en même temps, risqué !

Faudra encore que je trouve un truc, mais à force, je sais plus quoi inventer.

J’ai bien essayé une fois d’imiter sa signature, mais ça m’a coûté cher, faut dire que j’étais pas encore au point, maintenant ça va mieux ! J’ai bien pris le coup de main.

Mais n’empêche que j’ai été puni, et à l’école, et à la maison, comme si une punition ça me suffisait pas ?

Ça y est, on a l’informatique, papa a pensé que ce serait mieux pour mes études d’avoir Internet à domicile, ben voyons !

J’ai l’impression qu’il cherche à provoquer en moi « un regain d’intérêt pour les études ? ».

Ben tiens pourquoi pas !

Ça me rappelle le train électrique qu’il m’avait acheté une fois pour un Noël, (le Noël de mes onze ans).

Pas un train électrique d’enfants, non un train électrique pour moi quoi, eh ben, j’ai jamais pu jouer avec !

Il a commencé par vider la boite, et installer le circuit, soit disant pour me faire voir, j’ai eu le droit quand même de temps en temps, de toucher aux manettes pour le faire avancer, mais c’est tout, et encore avec réflexions, du genre : -tu forces trop sur les boutons, ou :-tu démarres trop vite etc, bref j’ai renoncé à y jouer.

Lui non !

Heureusement !j’avais pas eu que ça pour ce Noël-là.

Ma grand-mère, qu’était encore ma grand-mère, m’avait offert un super pull marron à col roulé, avec un poussin jaune devant, superbe, et en plus de plus elle l’avait fait elle-même, je suis sûr, des comme ça dans le commerce, même à la campagne ça existe plus depuis longtemps, surtout pour un enfant de onze ans !

Du coup je le met l’hiver, quand il fait très froid, pour dormir, par-dessus mon pyjama.

Cadeau de ma grand-mère, lui aussi, je préfère pas raconter !

Pour en revenir à l’informatique, il l’installe dans le salon.

Comment décrire, imaginez une pièce de 5 mètres sur 5 à peu près, avec des bouts de bureau Conforama tout étalés par terre, sa boite à outils avec.

Au bout d’un quart d’heure, premier sparadrap, les cartons de l’ordi devant la porte, et le matériel lui aussi étalé un peu partout, parce que mon père est très bricoleur, oui, il commence tout en même temps, pour voir si y manque rien, total au début total au bout d’un moment ça manque, au début c’est là, puis cinq minutes après ça y est plus !

J’ai quand même un peu peur que tout ça finisse mal !

C'est-à-dire à la poubelle !

Il est tout rouge, il gueule, enfin en plus fort, je peux dire que ça vole !

Quand je repense au train électrique, je me dis que ça peut durer des mois avant que l’ordi soit seulement alimenté par du 220 !

Le jour où je pourrais aller sur Internet, j’aurais sûrement des gosses ?

Le mieux ce serait que je m’absente, mais pour sortir faut son autorisation, et là c’est vraiment pas le moment !

J’ai plus qu’à aller dans ma chambre, c’est là que je serai le plus à l’abri des cris !

Une fois, il a acheté une armoire à monter soi même, y a longtemps, ben, elle est toujours dans le débarras à côté de son carton, en vrac !

Heureusement qu’on a un grand débarras !

Je redescends avec précaution vers cinq heures, parce que c’est l’heure de mon goûter, tout est calme, inquiétant !

Je jette un coup d’œil dans le salon, il est allongé par terre, y a plus de trace du bureau, l’informatique lui aussi est par terre, branché, et y a des trucs sur l’écran, surprenant !

Comme c’est pas trop le moment de poser des questions, je file à la cuisine.

Ce que j’aime à goûter, c’est des énormes sandwiches au nutella !

Je remonte dans me chambre pour le manger, peut-être je vais attaquer mes devoirs pour demain, peut-être ?

J’ai pas grand-chose à faire, mais même pas grand-chose, c’est trop

Le plus dur, c’est de s’y mettre !

En sciences, faut que je révise « volcans et séismes », sciences, le pire, avec le sport, et le français, après j’ai « cultures et élevages » en géo, et un petit peu de grammaire, pour faire plaisir !

Moi je suis quand même contre les devoirs à la maison, papa aussi, mais il m’oblige à les faire quand même ?

Comprends pas ?

Mon père m’appelle pour lui donner un coup de main, il faut simplement qu’on emmène les bouts du bureau, qu’il a mis dehors, dans la mare au fond du champ, c’est une mare qu’on rebouche petit à petit, soi disant qu’elle sert plus à rien.

Je suis tombé dedans petit, j’ai bien failli me noyer.

C’était en automne, y avait plein de boue, j’étais passé trop prés, j’ai glissé et je suis tombé.

J’ai eu beau gueuler, la maison était trop loin !

Alors je me suis débrouillé tout seul, mais ça a pas été facile d’en sortir.

Bref, quand je suis entré la tête de mon père, ça valait la peine, moi j’avais froid, et l’air ahuri qu’il avait, uniquement à poser des questions en plus !

Pas l’idée de me changer, et de me mettre au coin du feu ! Rien !

Bon, pour en finir si il continue à vouloir bricoler, on va vite la remplir, la mare ?

En tout cas, il a décidé de faire venir un spécialiste pour mettre l’ordinateur en route, bonne nouvelle !

Moi, personnellement, j’aurais commencé par là !

LA SOURCE.

                        Il y a une source d’eau pure à la sortie de Beaumont, dans un carrefour, en allant sur Beaumontel.

Avec papa, on y va toutes les semaines, pour faire le plein, dans des jerricanes y paraît que ça soigne certaines maladies, je sais pas lesquelles. Des fois faut faire la queue, parce qu’elle commence à être connue, elle est au bord de la Risle, une rivière pleine de truites !

On a été une fois à la pêche avec mon père, mais ça a donné la même chose que la chasse, alors quand on est doué comme ça à mon avis faut pas insister !

Enfin je crois !

Pis en plus que c’est dégueulasse ! Toucher des vers, les accrocher aux hameçons, beurk !

Et alors le pire, attendre, attendre, attendre.

Au début on y croit, après un certain temps on espère, et encore plus tard, on se doute que c’est foutu.

J’aurais dû me douter dés le début que c’était foutu, à voir comment il s’y prenait, pis ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est les autres pêcheurs, ils se foutaient vraiment de notre gueule, mais mon père tout à son nouveau hobby, il voyait rien !

Que le bouchon ; y s’est pas enfoncé dans l’eau une seule fois.

Heureusement que je l’aime pour rien parce que côté exploit, c’est pas ça !

Donc, aujourd’hui on fait la queue pour avoir de l’eau pure, comme on est mercredi, ça me fait une sortie.

On en profite pour monter à l’Abbaye, elle est en ruine, mais papa aime bien y aller, moi aussi !

Des fois, je le vois regarder la flèche encore debout, et j’ai l’impression qu’il prie ; oui l’impression !

Après avoir rempli les jerricanes, on va faire les courses, moi je m’occupe du pain, et je peux pas résister je me prends un gâteau, moi mon truc de gourmandise c’est les gâteaux, et comme mon père connaît pas les prix, là je peux mettre de l’argent de côté sur la monnaie !

Après je le rejoins à la charcuterie, évidemment y a pas droit, mais ça fait rien il en mange quand même, il a pas de volonté !

Pour les cigarettes et la charcuterie, il a pas de volonté.

Par contre, il boit de l’eau pure de la source !

Et il gueule contre la pollution, déjà faut comprendre ?

Le midi, quand on est à Beaumont, on mange souvent chez la mère Ginette, c’est un petit café resto, c’est bien, c’est simple. Dans la salle pour manger, il y a une grande table qui traverse toute la pièce, et on s’installe les uns à côté des autres au fur et à mesure qu’on arrive !

C’est surtout des ouvriers, qui viennent, ceux qui ont pas le temps de rentrer chez eux, parce que c’est trop loin.

Papa aime bien l’ambiance, moi, je m’en fous !

Mais au moins, je sais que j’aurais pas la vaisselle à faire, c’est mieux, parce que la vaisselle paraît que c’est mon rôle !

Ce que j’aime bien quand même dans ce restaurant, c’est que vers la fin du repas, c’est à celui qui racontera l’histoire la plus dégueulasse, comme ça le lendemain, à l’école, je peux les raconter aux copains !

Mais autrement pour la bouffe, c’est bon, mais très, très simple.

La Ginette du restaurant elle est très grosse et elle se pochtronne la gueule.

Elle a la figure toute violette, avec des raies rouges, en plus, elle est très vieille, mais ça c’est pas de sa faute, la vieillesse !

Paraît qu’elle boit que du calva, même au petit déjeuner.

Mais autrement elle est quand même gentille, quand elle me voit, elle est toujours en extase, et qu’il est beau ce petiot, et qu’il a encore grandi !

Ben forcément, que je grandis, je vais pas faire 1 ,40 mètre toute ma vie !

Par contre qu’elle me trouve beau, ça je suis assez d’accord avec elle !

Et en plus faut qu’elle me pince les joues en secouant, agréable !

Quand on sort du restaurant, je passe toujours derrière lui, il laisse la pièce, et moi sans me faire remarquer, je ramasse !

Puis ensuite, on rentre tranquille, on fait des détours, pour rien, juste pour le paysage, c’est bien !

Fête des Pères.

Aujourd’hui c’est la fête des pères.

On l’a préparé à l’école, comme tous les ans, poème, dessin.

J’ai acheté un cadeau, comme j’ai pas beaucoup de sous, c’est un petit cadeau, plus un bouquet de fleurs des champs, je sais qu’il aime bien.

Pour le petit cadeau, c’est un briquet, pas cher ! Et même jetable ! Faut dire, que comme j’ai pas d’argent de poche, c’est pas facile de faire des cadeaux.

J’économise sur la monnaie des courses.

Mais pas beaucoup à chaque fois, pas que ça se voit !

Parce que j’aurais droit à la morale sur le manque de respect, de confiance mutuelle, je me ferais traiter de petit voleur, enfin bref, ça compliquerait, moi j’aime pas quand ça complique, pour rien en plus !

Mais c’est toujours pareil, on leur prend dix francs et c’est comme si on vidait le compte épargne logement !

C’est quand même pas facile la vie financière d’un enfant, c’est comme la vie sexuelle, faut toujours se cacher, mon père m’a expliqué que c’était naturel ! C’est tout ce qu’il m’a expliqué, pour le reste, démerde toi mon gars !

Mais si il savait qu’on joue à touche pipi avec Aude, sûrement que la claque, qu’il m’enverrait, serait naturel !

Bref, d’un côté une grande liberté, de l’autre, interdiction de s’en servir.

Après il s’étonne que je sois obligé de voir un psy.

Au départ, il voulait que je vois une psy,mais vu que comme exemple de femme j’ai que ma mère, j’ai pas voulu, j’aurais pas eu confiance, pis les femmes c’est toutes des salopes, ça c’est mon père qu’il le dit !

Bon, je me suis levé de bonne heure, je me suis habillé, j’ai préparé son café, et je lui ai porté dans son lit, faut dire que ce jour là, il sait, alors il m’attend.

Un jour je lui ferai la surprise de pas venir.

Pour voir ?

Souvent le dimanche aussi je lui porte son café, en plus comme ça je peux me mettre dans son lit, et là on parle beaucoup, et d’un tas de choses, sauf des trucs qui fâchent, comme l’école par exemple, j’aime bien !

C’est un moment d’intimité ! Important !

Donc, j’ai mis les fleurs sur le plateau avec le cadeau, évidemment il est super content, et je sais que c’est sincère, mais quand même, il lui faut pas grand-chose !

Moi avec si peu, v’la la tronche que je tirerais !

Mais non lui il est content.

Faut dire que des cadeaux, il en reçoit pas souvent, à part sa mère, « qu’a tant de goût.», et moi !

L’église

                        On est dimanche, c’est le jour de la messe, je crois bien que je suis croyant !

J’ai pas encore choisi mon Dieu, mais comme au village y a qu’une église.

Alors forcément !

Pour le moment je prie ce Dieu là, après on verra.

En fait, la première fois que je suis rentré dans une église c’est par accident, enfin à cause d’un accident.

C’était un ancien de l’école, il avait dans les dix huit ans, il s’est tué en vélomoteur, je sais pas trop comment, moi je le connaissais pas, enfin, l’instit avait décidé que tous les grands de l’école iraient à son enterrement.

Dans l’église, j’étais perdu, je savais même pas ce qu’il fallait faire, en tout cas c’était une très belle cérémonie, je suivais les autres et je faisais comme eux, mais y a des trucs qui me plaisaient pas trop, ça faisait un peu hypocrite.

Papa, n’était pas trop d’accord, mais il m’a toujours laissé choisir seul pour certaines choses.

Et comme c’est un truc que je connaissais pas, j’ai essayé, voilà !

Alors ça m’a bien plu, j’ai fait mon caté.

Cette année, j’ai fait ma petite communion, maintenant avec ce Dieu là je suis paré pour le Paradis.

Mais je sais pas si ça vaut pour les autres Dieux ?

Puis en plus au caté, c’est là que j’ai fait vraiment la connaissance d’Isabelle, comme en plus elle habite comme je l’ai dit à côté de l’église, alors ça fait une excuse pour aller chez elle après !

Des fois le dimanche mon père m’accompagne à la messe, alors là j’ose pas lui demander pour aller chez elle, mais c’est rare qu’il vienne, surtout que c’est juste pour m’accompagner, alors, c’est pas la peine.

Mais, je peux pas lui dire, qu’il faut pas qu’il se dérange pour moi, ça lui fait tellement plaisir.

Franchement, j’aimerais mieux qu’il m’oublie un peu, des fois.

Je voudrais devenir enfant de cœur, j’en ai parlé au curé, il serait assez d’accord, parce que je suis sérieux, faut que je demande à mon père.

Alors là c’est pas gagné.

Peut-être qu’il voudra bien ?

Je sais pas pourquoi, j’ai toujours peur de mon père, pas peur qu’il me batte ou quoi, il m’a jamais battu enfin qu’une fois, et presque jamais disputé, enfin comme tous les autres pères, je crois, je sais qu’il m’aime, et c’est peut-être pour ça, j’ai peur de lui demander des trucs, parce que des fois je crains qu’il m’aime plus, ou moins, et ça je veux pas.

Alors, souvent, j’ose pas lui parler.

Maintenant que je sais que c’est pas mon père, c’est bête c’est plus pareil qu’avant !

Je comprend pas, je supporte pas.

Je crois que je vais lui en parler pendant les vacances, faut que je sache.

FETE DE L’ECOLE.

C’est le dernier jour d’école, la fête c’était hier.

C’était bien, j’avais un texte à dire, j’étais tellement angoissé, que j’ai failli pisser dans mon pantalon !

Enfin, ça c’est bien passé quand même, mais quelle trouille !

Après, y a eu un genre de distribution des prix, à part en histoire, j’ai rien eu !

Pour l’histoire, j’ai eu un livre sur la révolution Française, celle de 89 enfin 1789 !

Après on a fait les cons, avec les copains, on avait amené un tas de pétards, histoire de se rappeler certaines choses, mais là on nous a laissé nous défouler sans rien dire, c’était notre fête à nous, après une année de souffrance terrible !

Donc, comme c’est le dernier jour, c’est nettoyage de l’école, la classe, mais aussi la cour, l’instit a changé du tout au tout, il rigole avec nous, il blague et tout, y nous a promis que si on avait bien avancé ce matin, on pourrait réserver l’après-midi au ping-pong avec lui, moi je voudrais bien jouer pour le battre, mais comme c’est un adulte, sûrement il trichera pour gagner, c’est sûr !

Enfin bon, on verra cet apès-midi

Voilà, j’ai pas pu résister, j’ai piqué la maquette, je vais l’offrir à mon père, il va être heureux.

Aussi le maître, y m’a provoqué, c’est moi qu’il a chargé de nettoyer la bibliothèque !

Alors forcément !

Tentation !

JOUR ANNIVERSAIRE.

                        Ce matin je me suis réveillé très heureux, on est le deux juillet.

Important, j’ai douze ans !

On va fêter ça entre nous, enfin plus la voisine qui vient de plus en plus souvent à la maison, j’aime pas, même je déteste.

Comment peut elle imaginer que mon père a besoin d’elle.

N’importe quoi !

Des fois, quand je suis couché, je les entends parler.

Elle attend que je sois au lit pour venir voir mon papa.

Salope !

Ah oui, elle s’appelle Maryline.

Joli nom, non ?

Je me doutais bien de quelque chose.

J’ suis pas aveugle !

En tout cas, lui, je suis sûr qu’il voudrait bien la mettre dehors, mais il ose pas parce qu’il est poli.

Mais moi pas, alors, si je peux lui faire une vacherie, je vais pas me gêner.

Elle travaille à la ville de Beaumont, elle est employée à la cantine de l’école, enfin, maintenant ça s’appelle un restaurant scolaire, mais c’est la même bouf dégueu !

Bref, pour en revenir à mon anniversaire j’ai voulu inviter personne, sauf Isabelle, faut dire qu’on s’est réconcilié, et même que je lui ai appris des trucs, que m’avait appris Aude (j’aurais bien invité Aude aussi mais ça aurait pu faire des histoires), je sais pas si elle viendra parce qu’elle devait partir avec ses parents.

En tout cas, mon père a réservé une table au Lion D’or, à Beaumont, ça va la changer de sa cantine, la Maryline.

Je crois que je vais avoir un cadeau qui va me plaire.

Mais je suis pas sûr, alors je dis rien !

C’est mon premier anniversaire au restaurant, papa ma dit que je serais bientôt un homme, mais moi, j’ai pas envie du tout !

Enfin bref, la fête serait super s’il y avait pas Maryline.

On arrive en ville, dans la voiture, devant il y a mon père évidemment, à côté de lui Maryline, et derrière il y a Isabelle et moi.

Elle a pu quand même venir, sympa !

Sûrement parce qu’elle m’aime !

En tout cas elle aussi a un paquet, et là je sais pas du tout ce que c’est.

Mais j’ai pas le droit de l’ouvrir avant la fin du repas.

On se gare place de l’hôtel de ville, en plein centre, et le restaurant est à deux pas.

En descendant de voiture mon père me donne un baiser, ça lui prend souvent, comme ça, pour rien, j’aime bien !

Surtout devant l’autre tordue, et moi je lui rends, pour bien qu’elle voit qu’il est à moi et que je me laisserais pas faire, en même temps je la regarde droit dans les yeux, avec tout ce que je peux de haine !

Et je peux beaucoup !

Mon papa n’a rien vu, ou rien voulu voir.

Mais une qu’a bien remarqué le manége, c’est Isabelle, ça la fait sourire

Le Lion d’Or c’est super, un décor très chaud, des lumières tamisées, petites tables rondes, avec chandelles, et fleurs !

Bien !

J’aime !

Pour le repas, c’est commandé d’avance, papa connaît mes goûts, enfin c’est ce qu’il croit.

Mais là je dois dire que je suis pas déçu.

En entrée, on a eu droit à du foie gras, c’est pas très régional, mais c’est succulent, après une pintade sauce Normande, donc crème et cidre, et comme boisson devinez, cidre évidemment, juste pour la pintade, parce que pour le reste vin, moi j’ai eu droit que du vin avec le fromage pour goûter !

Puis fromage donc, mon père est un fana de fromages, pas question de faire un repas sans, suivi d’un gâteau fait exprès pour moi, avec douze bougies, qu’il a fallu que je souffle, Maryline, a commencé à chanter « bon anniversaire », mais mon père lui a fait signe de se taire, parce que dans la famille, on aime pas du tout ce genre de connerie.

Bref, j’ai soufflé mes douze bougies et j’ai fait un vœu.

Mais comme je les ai pas éteintes toutes en même temps, je sais pas si il se réalisera.

J’ai fait le vœu de ne plus avoir de bougies à souffler, de plus grandir quoi !

Que la vie reste toujours pareille.

Toujours !

Sans le collège !

Entre mon papa, Isabelle !

C’est l’heure du déballage des cadeaux, Isabelle, me tend le sien, un livre, elle sait que j’aime les livres.

C’est les trois mousquetaires, je l’ai jamais lu, pourtant il est à la bibliothèque de l’école.

Maryline, me présente le sien de cadeau, je redoutais, je demande à mon père si je peux aller pisser, j’attends pas la réponse et je sors.

Je les attends dehors, je sais que ça va chier !

C’est Isabelle qui me rejoint la première, on va jusqu’à la voiture tous les deux sans rien dire.

Mon père et sa copine suivent !

Comme toujours quand il est en colère, il ne dit rien, c’est pas bon signe.

Il me regarde à la dérobée dans le rétro, je le sens triste, ou plutôt ennuyé.

Je sais que le cadeau qu’il devait m’offrir est resté à la maison, parce qu’il est trop gros, mais je sais pas si je vais y avoir droit ?

Devant ambiance tendu, derrière avec ma copine on parle comme si de rien n’était !

Nous voilà rentrés, on a laissé Maryline devant chez elle, mon papa c’est tout de suite détendu.

En rentrant dans la maison surprise un vélo, tout rutilant, m’attend, il est très beau, rouge métallisé comme je voulais, un v.t.c, pour la campagne c’est mieux.

Je m’en veux un peu d’être dur avec lui, mais je peux pas faire autrement.

Je lui saute au cou, et je lui fais un gros baiser, je sens mes yeux qui deviennent humides, et je peux pas me retenir !

J’ai honte devant Isabelle, mais je crois pas qu’elle répétera.

Évidemment, mon papa m’explique que je ne dois pas aller sur la route tout seul, mais que je peux faire du vélo dans la cour.

Je sais pourtant faire de la bicyclette, la première fois, je me suis cassé un bras, j’avais emprunté le vélo d’un copain, il m’avait prévenu qu’il y avait pas de frein, mais j’ai pas écouté, et quand je me suis senti emporté par la descente que je croyais pas si forte, j’ai pas pu m’arrêter, gamelle.

Bras cassé !

Un seul quand même !

Le gauche, je suis droitier, pas de bol !

Au début, j’étais gaucher, mais ça plaisait pas à mon père, ni à l’instit.

Alors forcément !

La deuxième fois, mieux, j’ai atterri dans les barbelés, j’ai encore les marques sur les jambes, c’est peut-être pour ça que mon père a pas confiance ?

Mais ce vélo, il est à moi, alors je vais faire attention, il est trop beau.

On a raccompagné Isabelle chez elle, avec mon papa, tous les deux en vélo.

Après on a fait un tour.

Du coup, j’ai pas pu la remercier pour son cadeau comme j’aurais voulu, baisers mouillés quoi !

Enfin on se rattrapera demain, si on peut se voir ?

Je sais pas quand il va me parler d’Maryline, mais je sens que ça vient.

Eh ben, ça vient pas !

Après être repassé devant l’école, au retour, on arrive devant le calvaire, on tourne pour prendre la direction de Beaumesnil en longeant les champs, par là, ça nous fait un raccourci, parce qu’au bout de ce chemin on arrive directement au carrefour, St Aubin le Guichard, Beaumesnil, Gouttières par la grande route.

Nous on retourne sur Gouttières.

J’aime pas trop cette route, elle est pas très large, et les voitures vont drôlement vite !

On passe devant chez les Dumartin, ça gueule encore là-dedans.

Y a que quand le mari est au travail qu’ils s’entendent bien, je crois !

Après, c’est chez les Duhamel, là, c’est encore autre chose, lui il est charcutier à la ville, il part le matin, il ne rentre que le soir.

Elle, on la voit jamais, enfin jamais dans la rue, elle est toujours collée derrière ses rideau.

Moi je l’ai vu une fois en vrai, quand je faisais la quête pour le Noël de l’école.

Moche, très moche, et hyper maquillée, peinte quoi !

Je sais pas son prénom, mais moi je l’appelle Madame Ripolin.

A cause de la peinture.

Et puis cent mètres plus loin, c’est chez nous !

Je vais pouvoir commencer le livre qu’Isabelle m’a offert.

Évidemment je préfère le vélo, mais d’un autre côté les trois Mousquetaires, c’est mon premier cadeau d’une fille !

Alors ça vaut !

J’embrasse le livre avec amour en fermant les yeux, c’est parfumé, ça sent Isabelle, j’ai l’impression de l’embrasser, c’est comme si elle était dans mes bras !

J’ai plus envie d’ouvrir les yeux !

Plus jamais !

Elle est là devant moi, avec moi !

Je me rappelle sa langue dans ma bouche, sa salive chaude, ce goût extraordinaire d’elle, j’aime bien, mais c’est dégoûtant !

Cette année, j’ai le droit de faire les moissons chez Étienne, l’agriculteur à côté de chez nous !

Je suis content, j’aime bien, puis ça va m’occuper, en plus il y aura Thomas, et Pierre un autre copain, enfin quand je dis copain, presque copain !

Ça durera qu’une semaine parce qu’après, je pars en vacances, finalement, j’ai plus trop envie, à cause d’Isabelle !

Elle, elle est partie juste après mon anniversaire, et elle reviendra quand moi je m’en irais, c’est con !

Et elle me manque, je dors avec les trois Mousquetaires, faut pas le dire, mais c’est devenu mon ami pour dormir !

Enfin, en attendant je vois Aude, c’est mieux que rien, mais elle commence à m’agacer sérieux !

Hier, je lui ai mis une claque, elle a voulu me faire un truc réservé à Isabelle, maintenant !

Elle était pas contente mais tant pis !

Isabelle me manque tellement !

J’ai reçu une carte, elle est du côté de Nice, avec ses vieux.

Elle me dit qu’elle s’ennuie, ben voyons !

Tout le monde s’ennuie à Nice, c’est bien connu !

En tout cas la carte est très belle, ça représente la mer, vachement original, non !

Et quand elle reviendra je serais parti, triste, pour moi, parce que elle, elle aura les souvenirs !

Enfin bref, tout ça pour dire que je vais faire les moissons pour la première fois de ma vie, faut dire que maintenant, je suis un homme.

On commence demain, aujourd’hui, on a mis la moissonneuse en route, pas facile depuis l’année dernière qu’elle est à l’arrêt, impossible de la démarrer !

Il a fallu faire venir le garagiste, et comme tout le monde commence en même temps, il était débordé et pas de bonne humeur.

Enfin, elle tourne, on va pouvoir commencer demain !

Mardi matin, mon premier jour de vrai travail !

Il est neuf heures, les machines sont bien rangées sur le bord de la parcelle de blé qu’on va attaquer.

Mon travail à moi, il est simple, je dois me placer à côté de la moissonneuse, juste sous la vis sans fin, pour recevoir le grain dans la remorque, et quand elle est pleine, Étienne ferme la vanne du réservoir à grain, et moi je fonce à la ferme décharger.

Pendant ce temps, lui Etienne, il continue à moissonner, et il stocke dans la réserve de l’engin.

Et dés que je me replace à côté de lui, il revide, ainsi de suite !

Thomas, lui, conduit la presse, il fait les bottes de paille, mais pour que je puisse passer entre lui et la moissonneuse, il doit me laisser deux rangs de paille non pressées, parce que autrement avec les bottes je peux pas passer !

Et c’est là où ça va devenir drôle, enfin longtemps après, c’est qu’il commence à faire la course, et de deux rangs, il passe à un seul, ce qui fait que moi j’ai presque plus la place pour passer, donc je suis obligé de serrer de plus en plus sur la moissonneuse, et comme la vis et en biais, avec le haut de la remorque, j’arrache la vis !

Comment décrire une colère d’agriculteur quand il se trouve bloqué en pleine moisson Dieu sait pour combien de temps !

Il va falloir refaire venir le mécano, certainement commander des pièces, et le blé n’attendra pas longtemps.

Bref, je suis pas à l’aise du tout !

Non seulement la vis est arrachée, mais la remorque en a pris un coup !

Voilà qu’on tourne en rond avec Thomas, pendant qu’Etienne est parti téléphoner.

Je souhaite de tout mon cœur que ça s’arrange très rapidement, je me demande ce que mon père va dire ?

Décidément, je suis bon à rien !

Ça fait drôle ces machines puissantes, énormes, bloquées dans ce champ à moitié tondu.

Et cette odeur de campagne que j’aime tant !

On commence à être poussiéreux.

D’ici que mon père veut encore que je me lave, y a pas des kilomètres !

Le lavage lui, c’est sa marotte !

Du coup, à midi on a le temps de rentrer chacun chez soi pour manger, le dépanneur ne viendra qu’à une heure.

Parait qu’il râle fort !

Il est huit heures, mais il faut plus perdre de temps, on s’arrêtera que quand la rosée tombera !

Plus d’incident depuis que la machine est repartie, faut dire que je fais attention, et Thomas aussi.

Heureusement les dégâts étaient moins importants que j’ai cru, juste la tige de fixation cassée, et le tube de la vis écrasé, au début de la reprise, ça couinait un peu, mais maintenant ça va.

À un voyage évidemment, sur qui je tombe ? la gendarmerie, à mon âge j’ai pas le droit d’aller sur la route avec le tracteur, alors ils m’ont arrêté, heureusement ils allaient à la ferme se faire payer un café, euh au village un café est toujours accompagné ?

Bref, ils m’ont dit de faire attention, et puis voilà !

Mais franchement j’aime pas, j’aime pas qu’on me fasse la morale comme ça, faut bien faire les moissons, et faut bien passer par la route, surtout qu’y a pas loin ; et puis chez nous y a pas trop de voitures qui passent, en plus sur ces petits chemins les gens font attention !

Enfin bref, ils m’ont fait peur !

Pierre, lui il m’attend à la ferme, parce que moi je vide devant la cellule à grains, par terre et là, y a une vis sans fin qui monte le blé dans la cellule, et lui avec une pelle, il pousse le grain sur la base du tube !

Ça y est, la journée est finie, il est neuf heures et demi, réunion à la ferme pour le repas, on est sale comme des gorets, sûr que je vais pas pouvoir aller me coucher dans cet état là.

Mon père nous attend, lui aussi il est du repas !

Nous les garçons on est au bout de la table, Pierre s’est endormi sur son bras replié, juste après le pâté, Thomas a les yeux tout rouge, et ils clignotent, moi j’ai qu’une envie c’est d’aller au lit, d’autant que demain on recommence, debout sept heures, est dés que la rosée est évaporée, hop, sur les machines !

Aujourd’hui j’ai changé de boulot, je suis sur la remorque, en haut sur les bottes de paille, avec la fourche je les envoie à un gars qui lui les rattrape pour faire un tas bien rangé.

C’est les dernières remorques de paille, on les met dehors parce qu’il y a plus de place dans les greniers, ça sera aussi les premières à servir pour les litières des bêtes !

Alors pourquoi j’explique en détails ? Eh ben, parce-ce que c’est là qu’il a failli avoir un accident, à un moment, j’ai voulu envoyer la botte piquée au bout de ma fourche, mais en avançant ma jambe a glissé dans un trou entre deux bottes.

Tout est parti la paille et la fourche, et là en l’air elles se sont séparées, si bien que l’homme en face a pris la fourche sur la poitrine, heureusement elle s’est pas plantée, autrement il aurait fallu trouver quelqu’un d’autre pour finir les moissons !

En tous cas maintenant y me fait la gueule.

Enfin, c’est quand même de la chance, déjà qui lui manque un œil !

Je crois bien qu’il est temps que les moissons finissent, au moins pour mon entourage.

VACANCES EN BRETAGNE.

J’ai eu du mal à m’endormir, demain matin, de bonne heure, départ, vacances, la plage, la pêche aux coquillages, toute la journée en maillot de bain, (enfin moi j’ai un short maillot de bain, parce que autrement j’ai trop honte, j’aime pas.), à courir, à jouer, bien même très bien !

Papa a quand même pas oublié d’acheter des bouquins de devoirs de vacances, j’ai un père super sympa, parce que c’est un truc que j’aurais pas pensé à emmener, mais en travaillant cinq minutes par jour je pense avoir fini les révisions du C.M.2, vers la fin de la sixième.

Tout cet argent qu’il dépense bêtement !

On a tout préparé dans l’après-midi, moi j’ai fait mon sac, mon père l’a vérifié, que j’oublie rien !

Après il s’est entraîné à monter la tente, trop drôle, moi j’étais plié, enfin bref, au bout de plusieurs essais, on aurait pu dormir dedans, en priant pour qu’il y ai pas de vent !

Voila la voiture est chargée, y a plus qu’à attendre l’heure du départ.

Ça me rappelle Noël, quand on n’arrive pas à dormir, et pourtant on voudrait bien vu que c’est le seul moyen pour que le temps passe plus vite !

En tout cas mon père à été très nerveux toute la journée.

Nous sommes arrivés à Etel.

Je vais retrouver mon copain Thomas, on va pouvoir s’éclater un max au camping.

J’espère juste que ses parents sont pas trop chiants, il m’a dit que non, mais je suis quand même un peu méfiant.

Et en plus, Thomas doit retrouver une cousine qui est déjà sur place depuis plus d’une semaine, il parait qu’entre eux c’est le grand amour.

Ah les cons !

Enfin si elle m’embête trop, je la remettrais au pas, moi !

Pendant que papa se débattait avec la nouvelle toile de tente, nous les enfants on est allé au bord de l’eau, elle est pas aussi chaude que mon envie l’aurait souhaité, mais on s’est drôlement bien amusé.

Faut dire que c’est très grand comme plage, et qu’il n’y avait pas trop de monde, on en a profité, c’était super !

En plus on a trouvé un jeu génial, on marche tranquille au bord de l’eau, et dés qu’on voit des gens habillés avec leur jupe, ou leur pantalon un peu remonté, on attend qui s’approchent bien du bord, et d’un seul coup on se met à courir dans des grandes gerbes d’eau, qu’est-ce qu’ils gueulent !

Faut courir vite !

Et en plus chacun son tour on passe le dernier pour bien voir les dégâts !

Trop drôle, là on est fatigué, mais demain on remet ça, promis juré.

Oh, pis on va sûrement trouver autre chose à faire, je nous fais confiance !

Ce que j’aime bien faire aussi, c’est un trou profond mais pas large, ensuite, on creuse sur les côtés, assez profond pour pas que le dessus s’écroule, après quand on a creusé loin dessous, on rebouche le premier trou apparent, et là faut aller se mettre plus loin et attendre en priant Dieu, que quelqu’un marche dessus !

Rigolade assurée !

Pour nous évidemment !

C’est des copains de vacances de l’année dernière qui m’ont appris à faire ça !

Un jour donc on était en train de creuser tranquille, d’un seul coup je sens quelqu’un qui me tape sur l’épaule, devinez qui c’était, un C.R.S, un des qui surveillent la plage, il nous avait repéré ce con-là.

Putain d’engueulade !

Il a pris nos noms et tout !

Pendant plusieurs jours j’ai tremblé, mais comme mon papa m’a rien dit, je pense qu’il l’a pas su parce qu’autrement ?

Ce qu’on avait fait aussi, c’est des punaises, vous tassez bien le sable, vous étalez quelques punaises, et vous saupoudrez avec du sable, léger, léger, jusqu'à ce que les pointes se voient plus !

Résultat impressionnant.

Mais tout ça je vous conseille de le préparer quand y a pas trop de monde, parce que autrement vous êtes vite repérés !

Ce soir, on va prendre l’apéro chez eux, les parents à Thomas je veux dire.

J’espère qu’Estelle viendra !

J’ai fait ça connaissance elle est super, et en plus elle est superbe !

On dirait une actrice de cinéma, mais en jeune !

Elle est mignonne et tout !

Et pour une fille, elle est pas con, c’est rare !

Même je dirai qu’elle est intelligente, enfin plus que moi.

Elle m’aime bien.

Thomas fait un peu, même beaucoup la gueule, mais on s’en fout avec Estelle !

Enfin bref, j’ai réussi à la faucher à son cousin.

Je suis très fier de moi, au moins pour l’exploit, parce que une belle comme ça, ça j’en avais jamais eu !

Maintenant quand je me regarde dans la glace, je me trouve très, très bien comme mec !

ESTELLE.

Estelle est moi on va souvent se promener dans les rochers, on s’embrasse pas comme des enfants, non des vrais baisers d’amour, avec la langue et tout, ça m’avait un peu dégoûté avec Aude, mais alors là, avec Estelle, poufff, je sais pas vraiment expliqué, mais alors poufff, super génial démentiel !

Enfin très bien quoi !

C’est mieux que son Thomas, ne vienne plus avec nous, il est trop con, et en plus jaloux comme mec, et puis en plus entre cousin, cousine, c’est pas bien !

Et en tout cas avec moi, c’est très bien !

On se reverra après, je sais pas encore comment, mais on l’a juré craché !

Alors !

Mon père m’a fait un coup de vache, sans me prévenir il a décidé de m’emmener visiter le Mont St Michel, ce qui fait qu’on part toute la journée.

Tout les deux, seuls !

Comme si j’avais rien d’autre à faire !

Estelle va m’attendre, et pour moi, une journée sans elle, c’est vachement long.

D’autant que hier soir, elle m’a fait des trucs rigolos, et j’avais bien envie qu’elle recommence aujourd’hui !

Elle a mis sa main dans mon slip, et elle m’a tripoté, jackpot, j’avais le zizi tout dur, c’est pas la première fois qu’il est tout dur, mais là, c’était en mieux !

Peut-être parce que c’était pas moi qui le tripotait !

Faut dire, que j’aime bien jouer avec, le soir avant de dormir, même qu’une fois, mon père m’a surpris, je crois que c’était lui le plus gêné, enfin j’étais pas fier non plus !

Mais j’aime bien y toucher !

Alors franchement, aller visiter le Mont St Michel, à la place de ça ; c’est trop con !

En plus trois heures et demi de route, aller, trois heures et demi de route retour !

Mais je peux pas dire à mon père, « papa je préfère aller me faire tripoter par Estelle ».

En tout cas, la prochaine fois qu’elle me fait ça, je lui en fais autant !

En fait, je suis un peu emmerdé, parce que j’ai jamais vu une fille toute nue, et je sais pas du tout comment c’est fait.

Mais je crois que je vais pas tarder à savoir !

Elle, elle savait pour les garçons, elle faisait déjà ça avec son cousin !

Bref, le Mont St Michel, c’est beau, enfin je dis ça, mais j’ai pas vu grand-chose, j’avais la tête ailleurs, papa a beaucoup parlé, ça faisait un ronron dans ma tête, j’ai rien compris de ce qu’il disait.

Enfin j’exagère, j’ai quand même vu des choses très intéressantes, et très impressionnantes.

Ce que j’ai bien aimé, c’est la maison de Du Guesclin, bien très, très bien,ça fait rêver, j’avais l’impression qu’il était là, avec moi et que c’est lui qui me faisait visiter.

D’ailleurs, j’ai bien vu son armure dans le coin de la pièce qui bougeait, il surveillait, sûrement !

On a fait un peu les magasins, j’ai acheté un collier pour Estelle, un collier en fil noir avec un coquillage accroché !

Puis un autre, pour Isabelle, le même ! Parce que quand même je l’oublie pas.

C’est mon père qui a payé, il m’a demandé ce que je voulais en faire mais je lui ai pas répondu, parce que ça le regarde pas, et en plus si il me donnait de l’argent de poche, j’aurais pas besoin de demander tout le temps comme un S.D.F !

Mais voilà, il est contre l’argent de poche pour les enfants !

Intelligent !

Et moi, je lui ai pas demandé pour qui c’était le cadeau qu’il a acheté, gêné, qu’il était, bien fait !

C’est encore pour l’autre salope !

Salope !

Après on a visité l’Abbaye, c’est dur à exprimer ce que j’ai ressenti la haut, très dur, je crois que j’aurais pu m’envoler, j’étais soulevé, emporté, comme si Dieu m’appelait ?

J’en ai profité pour prier, parce que j’avais quand même deux ou trois trucs à me faire pardonner ! Aussi pour lui demander quelque chose, mais ça j’en parle pas !

Le paysage de là haut incroyable, j’y voyais très, très loin, le monde à mes pieds, fantastique !

Et Estelle n’était pas là, que dans mon cœur !

Lui tenir la main si haut dans le ciel, ç’aurait été magnifique !

D’un seul coup j’ai dit à mon père : « tu sais les colliers c’est pour ma mère ! » !

Il est devenu tout pâle.

Je sais pas pourquoi j’ai dis ça, je voulais pas être méchant, mais j’ai pas pu m’en empêcher, au fur et à mesure que je parlais, je regrettais déjà !

Y a des moments, je suis vraiment trop méchant.

Je sais pas pourquoi !

Je crois bien qu’il avait les yeux humides, alors je lui ai pris la main.

Des que je pourrai, je vais le rassurer.

C’est dans la voiture que je me suis excusé, je lui ai dit que c’était juste une blague, pour rire, et que je regrettais, alors il m’a fait un bisou, et tout est rentré dans l’ordre, mais quand même quel con je suis !

Le soir, on a mangé dans un restaurant sur le Mont, si bien qu’on est rentré tard dans la nuit.

Moi, je me suis endormi dans la voiture, trop fatigué !

Et dans la voiture, je vous ai pas dit, j’ai toujours pas le droit de monter à l’avant, à douze ans, vraiment il me prend pour un bébé !

Et je me suis réveillé dans mon sac de couchage, le lendemain matin !

Avec Estelle on est allé à l’autre bout du camping, on a marché comme ça pour rien, je lui ai donné le collier, c’est drôle, mais quand elle a ouvert la poche, j’ai pensé tout de suite aux trois Mousquetaires et à Isabelle, pourquoi je sais pas.

Le collier de la Reine, peut-être ?

En tout cas, elle était drôlement contente, on est allé dans un bosquet et là, elle m’a embrassé pour me remercier !

Ce baiser valait bien un collier ?

Je suis puni, et ouais, tout ça parce qu’il est rentré dans la tente sans prévenir.

En fait, il était parti pour visiter un musée, je sais pas lequel, tu viens avec moi qui me dit ?

Moi j’ai pas voulu, pour une fois qui me demande mon avis, pensez !

J’allais pas me faire avoir une deuxième fois !

Bref, je vais rejoindre Estelle, on joue tout ça, et puis à un moment on décide d’aller dans la tente !

Et là aussi c’est drôle, parce que en hiver, on y aurait peut-être pas pensé, mais là juste en maillot de bain, on a eu la même idée en même temps, de les enlever !

Surprise, c’est ça une fille, ben dit donc, sur le coup moi j’ai cru qu’elle avait été opérée, de quelque chose de grave même !

Et c’est là qu’elle m’a affirmé que toutes les filles étaient faites comme ça !

Au début j’étais un peu déçu, faut bien dire !

Enfin surpris plutôt, mais après j’ai trouvé joli, et en plus très doux à toucher !

Par contre, ce que je savais pas non plus, c’est que les filles elles ont des poils !

Pas beaucoup mais un peu !

Elle m’a demandé pourquoi moi j’en avais pas des poils !

C’est idiot, j’ai jamais eu de poils ici, on dirait que c’est la première fois elle aussi qu’elle voit un garçon ?

Et c’est là que mon père est rentré dans la tente, sans prévenir !

Alors nous deux tout nus, allongés, moi le zizi tout droit !

Bref, papa cueilli !

Monsieur avait changé d’avis, et il n’avait plus envie de visiter le musée tout seul, intelligent !

Bon, est-ce que je vous raconte la leçon de moral, pas la peine, mais il lui a fallu du temps quand même pour reprendre son souffle !

Moi, j’avais de la honte plein la tête, et qu’une seule envie, celle de recommencer au plus vite, dés qu’il revisiterait un autre musée !

Seulement en même temps que je pensais à ça, l’a fallu promettre que je recommencerais plus !

Attend, c’était trop bien, sûrement que je vais recommencer, et le plus vite possible encore !

Je vais me gêner !

Enfin, le résultat, consigné pour le moment, pas le droit de sortir tout seul !

Faut pas croire qu’il va me boucler longtemps comme ça !

Je veux pas lui faire de la peine, mais aujourd’hui j’ai découvert un truc super, et j’ai pas du tout l’intention d’arrêter là mes recherches.

Bref, papa a attaqué l’histoire de la reproduction des fleurs, et des abeilles !

C’est pas très clair comme explication, et j’attend la suite avec délices !

Aujourd’hui, j’ai pu voir Estelle !

On a rien pu faire !

On s’est baigné, on a fait des châteaux de sable, des conneries pour bébé quoi !

On a quand même pu s’embrasser un peu, mais normal le bisou, on était sous haute surveillance !

Papa a était super quand même, après sa colère et sa morale, il a rien dit aux parents de Estelle.

J’ai trouvé ça chouette.

Et en plus il m’a acheté un livre, « Éducation Sexuelle des 9-11 ans ».

Moi c’est bête j’ai douze ans, mais ça fait rien !

Là aussi, ça commence par les abeilles, mais après ça s’arrange.

Y a de très belles images.

J’en profite pour demander des compléments d’information à mon papa, histoire de le mettre dans l’embarras, bien fait !

En tout cas dedans y a de très bonnes explications, moins embrouillées qu’avec mon père.

Maintenant je sais pourquoi mon zizi devient tout dur, et en plus je sais où il faut le mettre, et a quoi ça sert.

Quand je pense qu’a l’école, on apprend l’histoire des Égyptiens, que ça me servira pas.

Alors que le sexe, ça, ça risque de me servir, et là pas de cours !

N’importe quoi !

Remarquez, que même sans cours, j’avais déjà compris deux ou trois petites choses, surtout un truc, c’est que c’est très agréable !

Un truc quand même que j’ai pas bien compris, c’est au sujet du sperme, déjà que je fais pipi au lit, si en plus on a du sperme qui coule de temps en temps ?

Faudra que je demande des explications à mon père, en plus que expliquer par lui ça risque d’être drôle !

En tout cas maintenant, je sais comment on fait les enfants, je peux embrasser Estelle autant que je veux parce que c’est pas par là !

Ça y est papa me surveille plus !

Je lui ai juré tout ce qu’il a voulu, et maintenant, je peux faire ce que moi je veux, chouette, vive le mensonge !

Déjà avant j’étais très adepte, alors maintenant, un vrai fan !

Plus que deux jours, et ce sera le départ !

Mon père a rangé tout le matériel dans la voiture, et moi aussi comme un paquet.

Avec Estelle, j’ai pas pu faire comme je voulais !

On a quand même réussi à avoir cinq minutes, pour se dire au revoir, en plus papa m’a dit qu’il levait toutes les interdictions, sympa, mais pas très malin, au moment de partir.

J’ai encore mal aux lèvres, Thomas m’a mis une patate dans la gueule, tout ça parce qu’il m’a dit que sa cousine était une vraie salope, alors forcément j’ai voulu la défendre, évidemment, avec mes gros muscles, j’ai mangé chaud !

Mon père tout de suite affolé, mais qu’est-ce qu’y t’es arrivé, tout ça, bref, encore obligé de mentir, ça me fait de la peine de lui mentir, mais il aime pas la vérité, ça c’est sûr, parce que quand je dis la vérité il me croit pas !

Il préfère les mensonges, c’est pas ma faute ?

Ah, oui j’allais oublié, j’ai offert l’autre collier à Estelle, avant de partir, comme cadeaux de fin de vacances !

Isabelle elle compte plus pour moi !

J’ai le regard fixé sur le côté de la route ça m’évite de parler, comme ça je peux rêver à Estelle, à son corps de fille, magnifique !

Le paysage défile sous mes yeux, mais je le vois à peine, les larmes me viennent, je pleure de rage, pourquoi je n’ai pas le droit de décider, de choisir, d’aimer ?

Pourquoi je suis trop petit ?

Chasse aux champignons.

Avec la fin des vacances, je pense à l’automne.

J’aime bien, c’est superbe, y a plein de couleurs éclatantes.

Avec mon père on va ramasser des morilles.

On se lève tôt, et puis, si le temps est suffisamment humide quelques jours, avec un peu de soleil de temps en temps, alors là on sait que la chasse sera bonne, on a tous nos coins.

Mais attention c’est un secret, faut le dire à personne.

Je peux dire quand même, qu’on les trouve dans les prairies.

Autrement, dans les bois, on trouve plutôt des cèpes, des trompettes de la mort, des girolles.

Ceux-là sont faciles à reconnaître pour moi, les autres mon papa veut pas que j’y touche.

Enfin, pas quand je suis tout seul !

Parce que des fois, j’y vais tout seul en forêt, c’est chouette !

Même qu’une fois, j’étais dans une forêt privée, et d’un seul coup, qu’es-ce que j’entends pas, une galopade, alors forcément je me suis caché derrière un arbre, et là j’ai vu passé une chasse à cour, c’était extra, avec les chiens, les chevaux, et tous les gens habillés colorés, superbes !

Ils sont passés aux galop, c’est drôlement impressionnant, ça fait un bruit d’enfer, c’est même pas racontable tellement ça fait du bruit.

Après je suis sorti de ma cachette, et je suis parti du bois, le plus vite que je pouvais !

Ça appartient à la Duchesse de Maguedelone, elle est veuve, son mari s’est tué à cheval, il est tombé, et il est resté accroché à un étrier, et puis le cheval l’a traîné, et sa tête s’est mangée un arbre.

Alors forcément !

Il est mort !

Il parait qu’y a de sacrées fêtes au château, mes copains d’école qui me l’ont dit.

Ils m’ont dit qu’y si passaient plein de trucs là-bas et pas toujours catholiques, enfin bon, chacun sa vie !

Mais n’empêche, que j’aime bien me balader en forêt, seul, je vois des animaux, des petits lapins,quand il m’aperçoive ils s’en vont en sautillant, je vois leurs petits cul blancs qui s’éloignent, c’est rigolo, aussi des écureuils, alors ça des écureuils, c’est beau, très élégants quand ils s’enfuient dans les arbres, et de là, cachés sur une branche ils vous surveillent, et si vous bougez pas ils attendent, et on a vraiment le temps de les observer !

Y en a qui les capture, ça se vend cher, mais c’est interdit, en tout cas ça fait des thunes !

Pour faire des thunes, y a aussi les lièvres, aux collets qui les attrapent, là j’aime pas parce qu’ils souffrent, alors quand je me promène, avec les copains, on s’amuse à chercher les collets et on les détruit, bien fait ! Mais faudrait pas que ça se sache, sûrement qu’on prendrait une grosse dérouillée !

Remarquez, on pourrait les dénoncer, mais ça se fait pas à la campagne.

Ce serait vraiment trop nul !

Surtout que dans mes copains, y en a qu’ont des pères qui en posent des collets !

Des fois, j’ai drôlement peur parce qu’il y a des bruits bizarres.

Ce que j’ai surtout peur, c’est des serpents, alors ça j’aime pas.

Là pour courir vite, je cours vite !

Quand il fait chaud, lourd, orageux, là je fais très, très attention, parce que ils sont nerveux, et agressifs, quand c’est orageux !

Rentrée des classes.

Demain, c’est la rentrée, hier, on a été faire les dernières courses, les derniers cahiers, qui me manquaient encore, faut dire que j’ai refusé de m’en occuper, papa était furieux de courir au dernier moment !

Déjà, qu’il n’aime pas faire les courses en temps normal, et alors là tous les écoliers du monde s’étaient donnés rendez-vous dans notre magasin, c’est pas possible autrement !

Enfin bref, c’était très gai, ça a commencé au parking, l’horreur, pas de place, ou alors loin, on s’est garé très, très loin !

Après corvée de chariot, il a fallu traverser tout le parking, le peu de chariot qui restait, était à l’autre bout, à l’inverse de la voiture, et c’est là que c’est devenu très, très, très drôle, devinez quoi… ?

Pas de pièce !

J’avais drôlement envie de rire, mais c’était pas le moment, mais alors pas du tout !

Forcément, il m’a envoyé chercher de la monnaie, quand je suis revenu, devinez quoi ?

Le dernier chariot venait de partir !

Pas de bol, là il est devenu très rouge, et j’ai vraiment commencé à avoir peur, pas pour moi, pour lui !

J’avais vraiment l’impression que sa raison vacillait !

Du coup, on a pris un petit panier rouge, à l’entrée, là j’ai bien compris que c’était pas la peine de réclamer quoi que ce soit.

Il y avait pas assez de place dans le panier, et en plus bonjour l’humeur, je me vois mal dire à papa, tu pourrais m’acheter un livre !

Je risque ma première claque, non, ma deuxième, faut que je me tienne à jour !

Quand je pense qu’on achète des trucs qui me serviront pas, en tout cas il pourra pas dire que je l’avais pas prévenu.

Je pense aux enfants noirs dans la forêt, ils jouent, ils pêchent, ils chassent, chez eux pas de tabous, je l’ai vu à la télé.

C’est rare que mon père me laisse regarder, il dit qu’il y a trop de choses à découvrir à la campagne, pour s’abrutir devant le petit écran.

Mais là, il parait que c’était instructif, mais interdit de vivre comme eux !

Pourquoi ?

J’aimerais bien vivre comme eux, pas d’inquiétude pour l’avenir, la vie au jour le jour, la vie normale quoi !

Pas de collège, pas d’études, enfin c’est pas les études qui me gênent, c’est les autres, imaginons que j’ai un professeur particulier, un précepteur on appelle ça, enfin faut pas rêver.

J’aime bien un peu les autres, mais pas à l’école.

D’abord les gosses en groupe, c’est con !

C’est pour ça que j’ai jamais voulu partir en colo, et en plus comme je pisse au lit, on veut pas de moi !

Et tant mieux !

Remarquez que moi aussi, souvent, dans un groupe je suis obligé de m’imposer alors forcément, on fait les cons comme les autres.

Enfin, j’ai beaucoup pleuré, pas seulement à cause du collège, non, surtout maintenant à cause d’Estelle !

Pour se revoir c’est pas vraiment facile, elle habite à quinze kilomètres de chez moi.

Je pourrais demander à mon père, mais j’ose pas, pourtant, il a tout compris, mais j’aime pas demander.

Je l’ai pas revue depuis le 25 août, et c’est dur, on se téléphone, mais c’est pas pareil, quand je me rappelle la douceur de sa peau, et que je doit me contenter de toucher ce téléphone !

Je l’aime, je l’aime, je l’aime, je l’aime !

Et demain le collège ?

J’ai décidé de ne plus travailler du tout !

Et tant pis !

Depuis que je suis décidé de plus travailler, je me sens bien mieux.

Parce que quand j’ai décidé, j’ai décidé !

On est en voiture avec papa, il a absolument voulu m’emmener au collège pour le premier jour, j’ai un peu honte d’arriver accompagné, mais d’un autre côté, je suis content de ne pas prendre le car !

Cette nuit, j’ai encore pissé au lit, papa n’a rien dit, mais je sais qu’il l’a vu, j’avais été propre presque toutes les vacances, j’y pensais même plus !

Enfin j’y peux rien, papa, va sûrement me remettre des couches, si ça dure trop longtemps.

Mais en fait, je m’en fout, sauf pour aller chez quelqu’un.

En tout cas jamais il m’a disputé à cause de ça.

Ce qui m’inquiète, c’est qu’il y a une classe de neige de prévue, et alors là, pas question que j’y aille si je suis pas guéri d’ici là, parce que bonjour la honte !

Je préférerais me sauver, et on me retrouverait jamais.

Toute façon je veux pas y aller, alors d’un côté c’est bien.

Et papa, a déjà prévenu le principal, comme ça si je pars pas je serai placé dans une autre classe.

Une qui part pas cette année.

C’est gênant, peut-être que je guérirai jamais !

En tout cas on en parle beaucoup avec mon papa et je sais que je suis pas tout seul comme ça, et que même c’est beaucoup plus fréquent qu’on croit !

Le problème, c’est que je peux pas aller chez des copains ou en colo, mais là ça m’arrange, même chez ma grand-mère, qu’est plus ma grand-mère.

Toute façon, elle m’aime pas, et moi non plus, alors.

Quand j’étais plus petit, et que j’allais encore chez elle, le matin elle me battait le zizi avec des orties, quand j’étais mouillé, alors maintenant que je sais que c’est pas ma grand-mère, elle est pas prête de me revoir.

En tout cas, je l’ai jamais dit à mon père, parce que, il fallait pas que je lui dise, sinon.

La fois d’après, vengeance !

Et puis mon père m’a dit que c’était sûrement héréditaire, faudra que je demande ce que ça veut dire, dans le dictionnaire, il y a marqué, « transmis par hérédité », avec ça, j’ai tout bien compris ?

Toute façon j’aime pas du tout aller coucher en dehors de chez moi.

Pourvu qu’Estelle ne l’apprenne pas, elle m’aimerait plus c’est sûr !

Et voilà, nous sommes devant les grilles du collège, ça fait drôle, dans un instant je serai prisonnier, et pourtant j’ai rien fait, je le jure, et d’abord, je ne ferai rien ça aussi je le jure !

J’ai passé ce que j’appelle la grille, en vrai, c’est pas du tout une grille.

J’ai une boule dans la gorge, je crois que je vais mourir étouffé.

Quand je pense que j’en ai pour des siècles là dedans, et Estelle qu’est-ce qu’elle fait à l’heure qu’il est, au même point que moi sûrement, mais elle, elle est folle, je crois, elle aime bien les études, n’importe quoi, enfin c’est une fille !

Alors !

Sur les panneaux d’affichages, il suffit de retrouver le nom de sa classe, et c’est indiqué où qu’on doit aller ?

Je regrette quand même que papa ne soit pas là pour m’aider, mais maintenant que je suis un grand, faut que je me débrouille tout seul, et merde !

On nous fait un petit discourt, on nous explique, on nous promène, on nous fais visiter quoi, on nous raconte que l’on est une grande famille, que si y a une faute de commise, il faut se dénoncer, ou alors toute la famille en est punie, c’est pas le peine d’être fils unique, sans mère, et avec un faux père, bon si j’avais su, je serais sûrement pas venu, je suis pas là pour entendre ce genre de conneries.

Quand c’est qu’on apprend quelque chose !

Enfin, patati, patata. Bref, on nous prend pour des cons !

Merci d’être venu aussi nombreux et bonjour à Germaine, ça commence très, très fort !

Et mon père « tu vas t’amuser avec tes petits camarades », ben tiens, alors lui y a des fois, je le comprends pas du tout, enfin c’est plutôt lui qui me comprend pas du tout.

A oui, j’oubliais de vous dire que j’ai retrouvé Thomas, et aussi Aude ?

Thomas, ça va, y fait plus la gueule, tant mieux.

Aude, elle, il va falloir qu’elle comprenne que j’ai plus besoin d’elle, parce que je suis amoureux, cette fois et c’est très sérieux !

Je lui ai expliqué, bien franchement, ça tombe bien parce que elle aussi, elle a trouvé quelqu’un, c’est vachement vexant, il est sûrement pas aussi bien que moi, tant pis pour elle !

Après une partie de la matinée passée à faire la visite guidée on nous a laissé jouer dans la cour, ha oui, on dit plus récréation, mais des interclasses (je suis bien content de l’apprendre).

Puis après, réfectoire, alors là l’ambiance, c’est un vrai bijou.

C’est pas racontable, bon, quand même faut que je vous dise, y a un bruit pas possible, en plus, il faut faire la queue.

Les plus forts devant, et moi derrière.

On choisit ce qu’on veut.

Quand je dis choisir, enfin bon, je veux dire qu’on a quand même pas le grand choix.

Du style, chou-fleur, ou épinard, y font fort quand même, je crois bien que c’est pas aujourd’hui que je mangerai.

Surtout que les plus forts à la table prennent la bouffe des plus faibles, je suis pas le plus faible, mais je crois qu’il faudra que je mange bien le matin et le soir ?

Et puis d’abord, j’ai toujours ma boule dans la gorge, alors, j’ai pas vraiment faim !

J’ai de plus en plus envie de pleurer, je me sens perdu, abandonné, humilié par l’obligation d’obéir.

Triste, triste !

Vivement que je sois adulte, enfin quand je dis ça, faut que je m’explique, pour l’école je voudrais bien être adulte, mais pour le reste, je préfère rester enfant, d’ailleurs, le psychologue l’a dit à papa, c’est parce que je veux rester petit que je pisse au lit, un psy vachement bien, il me pose des questions, et il attend mes réponses, euh il attend encore !

Dix millions d’enfants, et une seule règle psycho, il ne veut pas grandir !

Tout est dit !

Faut dire que quand on voit les grands, ça fout les boules !

Enfin vu le prix de la séance, il pourrait se casser un peu plus le cul, et inventer autre chose.

Je pourrais me marier avec Estelle, on aurait un garçon, et une fille, enfin un garçon, mais surtout pas comme moi, ça craint, non un mieux, plus beau, et aussi moins con.

On serrait très heureux toute la vie.

En plus, comme j’ai décidé d’être immortel, ça durerait toute la vie.

En attendant, faut que je supporte tous ces cons de profs, et ça j’aime pas du tout.

J’en veux à papa de m’avoir mis là dedans.

Après tout c’est lui qui veut que je sois instruit, moi je m’en fout complètement.

D’autant que je me trouve suffisamment intelligent comme ça.

J’ai pas besoin de plus !

Pourquoi faire ?

Y a pas que les profs qui sont cons, les élèves en classe par exemple, c’est pas mal non plus, mais dans le car alors là, ça vaut dix.

Pas question que j’y retourne demain !

Je survivrais pas.

Va falloir que je trouve une solution, premièrement ce soir avant de me coucher, je vais pas être trop bien, je vais me plaindre un peu, et demain matin, le grand jeu !

Après on verra !

J’ai gagné, pas de collège aujourd’hui, il est vraiment trop facile de lui mentir, j’ai presque honte, presque !

Faut dire que ce matin, il était hyper pressé, et en plus il était en retard, moi peinard dans mon lit sans bouger, quand il est monté, c’est vrai que je transpirais mais de peur.

Il m’a dit d’aller dans son lit parce que le mien était mouillé.

Il est dix heures, je me suis décidé à partir, j’ai fait du stop, coup de bol je suis tombé sur quelqu’un du village, je lui ai raconté que j’avais raté le bus, et comme papa était parti à Paris pour la journée, etc, etc.

Bref, il m’a emmené jusqu'à la Barre.

Juste devant le collège, j’en demandé pas tant.

Et justement, qui il y avait dans la cour, un surveillant, qui surveillait je sais pas quoi, il m’a interpellé, et alors je me suis barré en courant.

Maintenant rejoindre la route de Bernay, j’ai dans l’idée d’aller rendre visite à Estelle.

J’ai emporté à manger dans mon sac d’école vu que j’en aurais plus besoin que de mes bouquins.

Bon me voilà sorti de la Barre.

Direction Bernay, le gros problème, c’est que si je fais du stop, je risque de me faire pincer, et à pied, j’en ai pour un moment.

Il y a au moins dix, ou douze kilomètres.

Mon idée, je sais pas encore, mais je veux revoir Estelle, je l’aime trop !

Tant pis pour le reste !

Je sais même plus si papa m’aime vraiment depuis les vacances, c’est plus du tout le même, il s’occupe toujours bien de moi, mais c’est plus pareil.

Et ce voyage à Paris, qu’est-ce que ça cache encore, il a rien voulu me dire, c’est bien la première fois qu’il me fait des cachotteries.

Ce soir quand papa va rentrer, il va s’inquiéter.

J’ai pas le choix,…J’ai plus le choix.

En tout cas par cette route, je pense être assez tranquille, il y a pas trop de passage, mais quand même, douze kilomètres à pied, ça fait dans les quatre heures de marche.

Dur, dur !

J’y pense je suis drôlement con, j’ai pas pris à boire, oh, c’est pas trop grave quand même, je ferai une pause au bord d’un champ, c’est bien rare si je trouve pas un robinet qui sert à remplir les bacs à eau pour les vaches !

                        Il fait gris presque noir, c’est comme si je ne voyais plus la vie.

Le cimetière est plein de gens !

Quel spectacle !

Un père qui pleure son fils !

Égorgé, violé, tête fracassée.

Monsieur c’est impératif, il faut venir reconnaître le corps.

Comment reconnaître, reconnaître quoi ? Mais Dieu, pourquoi ?

Reconnaître qui, cette chair abîmée, torturée, comme il a dû souffrir longtemps.

Je n’ai même pas compris, ce ne pouvait être Rodolphe.

Comment admettre, c’était presque une mauvaise blague.

J’aurais pu en rire.

On vous jure on retrouvera qui a fait ça !

Gendarme, guignol !

Et Rodolphe, ce qu’il en reste, dans cette caisse, et tous ces gens, mais laissez moi pleurer en paix !

Si seulement je pouvais hurler ma haine, j’ai plus la force !

Ce rendez-vous à Paris, à cause de sa mère.

Si j’avais été là. Peut-être que.

Pourquoi avoir jouer les malades, pourquoi avoir fait du stop jusqu’au collège, pourquoi s’être enfui à la vue du surveillant.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Mes nuits se confondent avec mes jours, quand suis-je conscient, je ne sais plus, je ne reconnais même pas ces lieux.

Mon petit bonhomme sous la terre.

Et moi dessus, perdu, abandonné, drogué, presque gai, chimiquement heureux.

Envie de disparaître, et pas le courage !

Toute tristesse éteinte, toute espérances enfouies au plus profond de moi.

Pourquoi me soigner comme quelqu’un de fou, alors que je ne suis que malheureux d’amour, d’un amour impossible à retrouver, ou à reconstruire.

C’est la fin, tragique, la mort, l’absence définitive, l’absence du tout, pire que ma propre mort.

Je voudrais tant pleurer et haïr, on ne m’en laisse même pas le droit, prenez vos comprimés !

Société désacralisée, société soignant l’assassin, méprisant les victimes.

N’est-il pas du devoir de l’homme de sauver la brebis galeuse, de réinsérer !

Un noir, un clair, entre le noir et le clair, je ne sais ce que je préfère.

Pendant les noirs, je cauchemarde, pendant les moments clairs, je suis presque normal, j’ai honte de moi, ma tête va mieux, mon corps a mal !

Son petit corps meurtri, et là, dessous un amas de terre bombée.

Aucune pierre ne vient encore cacher cette terre à laquelle j’ai confié mon bien le plus précieux !

Ce que je reproche à Dieu, ce sont les circonstances.

Moi qui n’étais pas croyant, il ne me reste plus que lui.

Stupide !

Mais à qui parler, a mon fils, je ne peux pas, je sais qu’il ne m’entend plus !

Je t’aime Rodolphe, je t’aime !

J’aurais dû lui dire.

Avant ?

J’ai hâte de t’oublier !

Et je t’oublierai, promis, juré !

J’ai vu ta mère, elle était là.

Pourquoi ? Elle aurait mieux fait de s’occuper de toi avant !

C’est trop facile de pleurer, trop tard !

Elle était là pour ta naissance, par la force des choses, et elle était présente pour ta mort, obligée, peut-être, moi méchant, sûrement mais il était temps qu’elle vienne te voir.

Quand même !

Décidément, il était écrit que tu ne la verrais jamais en vrai, toujours en photo, toi dans ses bras, tout petit, je ne sais pas ce qu’elle est devenue cette photo d’ailleurs ?

Et ces gouttes qui tombent sur la papier au fur et à mesure que j’écris, ça fait comme des lettres qui s’allongent et deviennent de plus en plus larges et de plus en plus floues, cette longue lettre est sûrement destinée à ne pas résister au temps !

Comme toi, comme ton souvenir !

Je me suis aperçu, que je n’avais pas de photo, tous les deux, ensemble !

Toujours séparés.

Je me suis absenté.

Longtemps !

Faut pas m’en vouloir, je ne pouvais pas venir te voir.

J’étais trop loin !

Mais maintenant ça va mieux, je pourrais venir tous les jours !

La maison est bien triste, vide, sans bruit, oh, c’est pas que tu étais vraiment bruyant, non. Je le regrette aujourd’hui, je regrette ce bruit que tu ne faisais pas, et que tu ne feras plus, tes ralleries pour mettre le couvert, ou pour faire tes devoirs, (mais ça me servira à rien plus tard), toutes ces choses si dérisoires à présent.

Comme tu avais raison, ça ne te servira pas !

Je trie les photos, non décidément, il n’y en a pas une seule où nous soyons tous les deux.

Me voilà encore, je t’ai amenée des fleurs fraîches, je sais bien qu’elles ne vont pas durer mais c’est pas grave !

Ça me faisait plaisir de te les apporter.

Tu sais ton prof de Français est très content de toi, il dit que tu fais d’énormes progrès, bien sûr, il y a encore à faire, mais normalement tu passes en cinquième, c’est bien, je suis content !

Tiens, j’allais oublier de te dire, j’ai vu Isabelle, elle t’aime beaucoup, je suis sûr, en plus elle est vraiment très jolie, et gentille, je lui ai dis que tu allais bien, alors elle est contente.

Au village tout le monde est vraiment gentil avec nous depuis quelques temps, je ne sais pas si tu l’as remarqué !

Aller, bonsoir et à demain !

C’est dommage toute cette neige, c’est très beau, mais comme tu dois avoir froid, là-dessous !

Je suis venu te dire, que je pars, quelque temps, dans un genre de maison de repos, je reviendrai plus tard !

Quand ça ira mieux ?

Voilà, j’ai laissé la maison ouverte, comme ça, si tu as trop froid tu pourras toujours faire une petite flambée dans le salon !

ADIEUX.

                        La Rochelle,

Me voici revenu ici, je n’aime pas vraiment cette ville, mais c’est ici que je suis né.

Et puis je ne pouvais plus vivre là-bas.

Six ans déjà !

J’ai trouvé un petit bois pas loin, ça me permet de continuer à marcher un peu dans une similitude de nature !

Et puis au moins quand je suis là, je suis seul, sans ma femme et sans mes enfants !

De toute façon, même en famille, je suis seul !

Ils m’emmerdent tous !

Trois enfants, pas à moi, décidément c’est une manie, et un que j’ai fait moi-même.

Mais je ne l’aime pas !

Je le déteste, des jours, je crois que je pourrais vraiment être très méchant envers lui !

Il m’a pris une place, qui n’est pas la sienne !

C’est tout !

Je me suis marié, je sais pas pourquoi, je crois par punition !

Et là, je me suis pas raté !

De toute façon, j’avance le long d’une ligne, entre deux murs, et j’ai hâte d’arriver au bout.

Si seulement j’avais un peu de courage.

Mais voilà ?

Mon fils, l’autre quoi il a quatre ans, mais rien que de l’embrasser, ça me dégoût, je peux pas !

Je n’y arrive pas !

J’ai beau me forcer !

Quand aux enfants de ma femme, alors là !

J’ai même pas envie d’en parler.

J’ai même pas envie de leur parler !

On se croise tous, sans un mot !

Même avec ma femme !

Je ne suis jamais retourné en Normandie.

Une fois en Bretagne, Etel, sur la plage, sa plage, je m’y suis baigné, allez comprendre pourquoi !

Au mois d’octobre en plus.

Peut-être que ?

Je ne vis plus que dans ma tête, je n’ai même plus besoin de mon corps.

Au contraire il me gêne ?

De la naissance à la mort, une seule vraie maladie, la vie.

Pourvu que je guérisse, vite !

Je me suis enfin décidé, j’ai adopté un chien, une petite épagneul.

Ça me donne du courage pour sortir, plus une excuse !

Avec elle, maintenant je vais où je veux, personne ne me demande rien, même pas ma femme !

Je suis presque libre.

En plus elle est mignonne et sage !

Je vais partout avec elle !

Le dimanche matin, je l’emmène dans un club d’éducation, on y passe la matinée.

On rentre de plus en plus tard.

Si bien que le dimanche, je mange seul dans la cuisine avec ma petite chienne, qui quémande, en me grattant la cuisse avec sa patte.

Alors forcément, comme aurait dit Rodolphe, je peux pas résister.

L’après-midi, je le passe en famille, hélas !

Mais faut bien faire un effort.

C’est souvent une promenade dans les parcs, jusqu’à la plage, on passe devant les animaux en cage, sur l’eau, les canards, alors là on s’arrête, le temps que le petit dernier leur jette du pain, puis, donc la plage, les pâtés de sable !

La dernière des filles nous suit encore, mais les deux plus grands, ont leur vie à eux.

Et c’est très bien.

Le garçon a 15 ans, est con comme un ado.

La fille la plus jeune, elle à 13 ans, c’est pas mieux.

L’aînée, 18 ans.

Avec elle, on ne sait jamais bien compris, je lui est pris sa mère, elle me l’a jamais pardonné.

En plus, sa mère a eu un enfant de moi, alors là, elle a carrément pas supporté.

Enfin, elle, c’est bon maintenant, elle va se faire niquer à droite et à gauche, peinard, enfin pour moi, parce que sa mère elle, elle s’inquiète, et moi je m’en fout !

Mais alors je m’en fout, c’est même pas honnête de s’en foutre à ce point là.

Le fils lui, il est comme sa sœur, il aime les garçons.

Il m’en a parlé, c’est la seule fois où on a eu un véritable dialogue tous les deux.

Bref, je lui ai conseillé d’en parler avec sa mère, alors là ça a bien foutu le bordel, je suis assez content de moi !

Quand à la plus jeune, elle passe son temps ou devant la glace, ou devant la télé.

Et faut voir les programmes.

Si elle est comme sa sœur, on va pas tarder à ne plus que l’apercevoir.

Le petit dernier, pour en revenir à lui, il est gogol, le seul que j’ai fait, il est fou, ça valait pas la peine de se fader l’autre tas, pour ça.

Quatre ans de vie familiale, pour en arriver là ?

Décidément, c’est bien vrai que le bonheur ne passe qu’une fois.

A nous de ne pas le rater !

Enfin bon, pour en revenir à la télé, moi j’ai un petit poste dans ma chambre, ce qui fait, que je peux regarder quand même ce que je veux, quand je veux !

Ah, oui je vous ai pas dit, on fait chambre à part !

Faut dire qu’avec mes cauchemars, c’est pas facile pour quelqu’un de dormir avec moi.

Bref, j’ai ma petite vie bien à part, bien à moi, et chez nous.

Famille je vous haïs.

J’avais promis à Rodolphe de l’oublier, je n’ai pas pu, je ne l’ai pas fait.

Souvent, tout seul dans la rue, je rigole, un souvenir fugace, une réflexion de Rodolphe, qui me reviennent à l’esprit.

Je me rappelle tout très nettement, surtout ces éclats de rire, alors ça, ces éclats de rire ; ils résonnent toujours dans ma tête, toujours !

Affreux, inoubliables !

Je lui ai fait faire une pierre tombale en marbre rose, pour que ce soit plus frais !

J’envoie un chèque pour que des fleurs soit mises régulièrement, ainsi que pour l’entretien.

Mai, je n’ai pas le courage d’y aller.

Plus le courage !

Pour en revenir à ma petite chienne, on s’entend très, très bien, c’est la seule, qui me fait la fête quand je rentre.

Elle dort sur mon lit, et, c’est elle qui me réveille le matin, ou quand la sieste est finie.

Les meilleurs moments, se sont les promenades, elle court partout et surtout après les petits lapins, évidemment elle ne les rattrape jamais, mais au moins ça lui fait faire du sport !

C’est bien !

C’est à nouveau l’été, la période la plus difficile à supporter mis à part Noël, et son anniversaire.

J’ai donné ma petite chienne en garde chez un ami !

Comme le pays est beau, j’avais presque oublié, il fait chaud, les couleurs sont belles, différentes du bord de mer, moins dures, plus chaudes.

Ça me ferait presque regretter ce qui va se passer.

Quelques constructions nouvelles, mais à part ça rien n’a changé.

Je m’offre le plaisir de faire le tour du village, j’ai peur qu’on me voit, qu’on me reconnaisse, mais c’est important pour moi, il faut que mes yeux voient.

Le monument aux morts est toujours là, devant l’école désaffecté, en face la maison du père Duchamp, elle a encore, suspendu sur le côté, deux panonceaux, l’un affirmant qu’il y a un téléphone public, l’autre, qu’il y a un dépôt de gaz !

Pourtant la maison a l’air abandonnée depuis longtemps.

Quand je l’ai connue, le sol était encore en terre battue, il n’y avait même pas l’eau courante, un puit, dans la cour.

J’étais copain d’école avec le fils de la famille, il était un peu plus jeune que moi.

Nous avons passé le certificat d’étude primaire ensemble.

On était quatre de la commune ce jour-là, lui Daniel, sa sœur Monique, et un autre Daniel qui habitait au Hamel, à l’autre bout du village, après avoir traversé la route de Beaumont, Beaumesnil presque en pleine forêt.

J’aimais bien me promener par là, enfants, ça a été le premier endroit du village envahi par les Parisiens, toutes les vieilles granges rachetées, étaient rénovées, et transformées en habitations secondaires.

J’aimais regarder ces nouvelles villas propres, fleuries, avec souvent de belles voitures, et des pelouses, très entretenues.

Ils arrivaient le vendredi soir, et passaient leur week-end à tondre et le dimanche soir ils repartaient !

A l’époque, je ne comprenais pas trop l’intérêt de la chose !

Maintenant non plus d’ailleurs.

J’arrive devant mon ancienne maison.

Notre ancienne maison !

Habitée !

Sacrilège, une douleur profonde m’envahit.

Je n’ai pas peur, non j’ai mal, trop mal !

Après la maison, je tourne au calvaire, direction le cimetière, je ne m’y arrête pas, je continue ma route vers la Ferrière, ça tourne d’un coup à l’équerre, puis après avoir traversé un petit pont, j’entre dans la forêt, dans cet endroit là, la végétation est dense, il fait sombre d’un coup.

La route remonte fortement, puis j’atteinds le carrefour, la Ferrière, Beaumesnil.

Je fonce sur la Ferrière, j’aimais beaucoup son petit marché du dimanche matin, sous la halle du XIII siècles.

Une scène du film « La cuisine au beurre », y a été tourné, c’était avec Fernandel et Bourvil.

Je me sens bien, calme, presque heureux, la tête pleine d’images que j’ai tant aimées.

Je vais pouvoir retrouver mon fils !

Après avoir fait le tour de la Ferrière, je remonte par Ajou, et tourne au carrefour suivant, direction Gouttières, par le Noyer en Ouche cette fois, le bois du Pendu, la Mérité, je descends tranquillement dans la vallée, pour remonter vers le village, j’ai le temps, puisque je n’ai plus le temps !

Je vais pouvoir enfin me reposer entre mes deux amours, mon fils et mon village !

Je n’avais rien demandé à personne, toute cette vie gâchée.

Pourquoi !

A nouveau le calvaire, la route du cimetière.

Voilà, je n’en pouvais plus, il fallait que je revienne te voir, ça devenait trop dur de faire semblant, de jouer à cache-cache avec moi-même.

Alors, j’ai pris ma décision.

Ça fait sept ans maintenant.

Tu aurais dix-neuf ans

Sept ans que je traîne ton souvenir, comme un boulet, sept ans de tornade dans ma tête, il faut en finir.

Aujourd’hui.

C’est ici, que je veux terminer.

Tu vois je viens vers toi, dans quelques secondes, nous serons réunis.

Pour la vie ?

FIN.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité